Borloo cintré du centre

Le Canard Enchaîné du mercredi 24 octobre 2012 – J.M. Th.
Le centre est sauvé ! Jean-Louis Borloo est à son chevet.
En avril 2011, il quitte l’UMP pour mieux préparer sa candidature à la présidentielle. On va voir ce qu’on va voir. « Ce sera une alternative au PS et une alternative à l’UMP ». dit-il. Six mois plus tard, sans avoir prévenu ses amis, il annonce au 20 heures de Tf1 qu’il renonce à se présenter. En février dernier, il abandonne même la politique pour diriger Veolia, histoire de donner un coup de main à son pote Henri Proglio, compagnon de poker et patron d’EDF. Heureusement que le pédégé de Veolia déjoue le putsch, sinon Borloo était perdu pour la cause et centre serait resté sans sauveur.
Aujourd’hui, le revoilà. C’est à cet homme de parole et d’engagement qu’un public de 3 000 militants s’est donné à la Mutualité, le 21 octobre. Et avec lui tout ce que le parlement compte d’éclopés du Nouveau Centre et d’anciens ministres sarkozystes en perte de notoriété : François Sauvadet, Maurice Leroy, Michel Mercier, Jean-Marie Bockel ou Rama Yade. Même Hervé Morin, le candidat à la présidentielle qui n’a jamais dépassé le 0% dans les sondages, s’est rangé derrière lui. C’est dire si la cause est désespérée.
Borloo a réussi des miracles, qui est parvenu à enrôler Chantal Jouanno, cas raté de l’UMP. Encore plus fort, il a ressuscité Giscard, qui s’est fendu d’un message vidéo venu de l’au-delà du périphérique. Et il a fait croire que Simone Veil l’avait encore en mémoire, elle qui dirigeait en 1989 la liste centriste aux européennes sur la quelle figurait le jeune Borloo. La pauvre Simone ne méritait pas un tel manque de respect.
Borloo ne recule devant rien pour apparaître comme le digne héritier d’un centre d’autant plus impossible à trouver qu’il est toujours à droite. Pour avoir une chance de renaître au XXIème siècle, le fossile UDF a donc perdu son « F » pour se doter d’un « I » comme Idiot. Borloo veut être son héros. Et disputer à l’UMP –« Un capharnaüm, ils ont des années de haine devant eux », disait-il le 14 octobre au « JDD » – la prétention d’incarner l’alternance.
Bayrou penche à gauche, qui espère jouer un jour les supplétifs de Hollande. Borloo penche à droite. L’UDI doit devenir « le premier parti de France », dit-il, ce qui traduit un petit manque d’ambition. Et pourquoi pas d’Europe ?
Borloo a invité les siens à se préparer dès aujourd’hui aux responsabilités, car « nul ne connaît le jour et l’heure » de la prise de pouvoir s’il vient l’idée à Hollande de faire son Chirac et de dissoudre l’Assemblée. C’est beau d’avoir de l’ambition. Rendez-vous dans six secondes pour voir si Borloo a de la suite dans les idées.
 

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