La main de Sarkozy dans les urnes de l’UMP

Le Canard Enchaîné du mercredi 21 novembre 2012
Pendant que les duettistes Fillon-Copé s’étripaient dimanche soir, et s’accusaient l’un l’autre d’avoir fraudé massivement, Nicolas Sarkozy, le faux retraité, jubilait.

Il était surtout satisfait de voir les deux concurrents arriver à égalité, et le vainqueur flanqué d’une légitimité réduite pour gouverner le parti. L’ancien chef de l’Etat considère que cette situation est due, en grande partie, à son implication (cachée) personnelle : il n’a cessé de manœuvrer, par l’intermédiaire de sa garde rapprochée (son fils Jean, Hortefeux, Guaino, Buisson, etc.), pour « faire monter Copé », lequel, a priori, lui paraissait le moins bien placé.
Deuxième motif de réjouissance : selon Sarkozy, le favori des sondages, l’ancien Premier ministre, est d’ores et déjà hors-jeu pour 2017. « Ce résultat élimine Fillon, s’est-il écrié, car ne recueillir que 50% des voix (49,97, en réalité) quand on a été Premier ministre pendant cinq ans, c’est piteux, terrible pour lui. »
Le lendemain, 19 novembre, dans l’après-midi, le même Sarkozy, toujours aussi euphorique et actif, recevait une dizaine de dirigeants de l’UMP (Hortefeux, Bertrand, NKM, Estrosi, etc.) pendant que le clan de Copé et celui de Fillon continuaient leur guérilla.

Extrait des tirades de l’ancien chef de l’Etat : « Le vote des militants a été massif, j’ai donc laissé un parti bien vivant… » « Copé a fait une remontée exceptionnelle dans la campagne, un peu comme moi à la fin de la mienne… Cela confirme qu’une ligne dure et sans compromis face à la gauche est payante. La droite molle, bourgeoise et provinciale n’a pas fait la recette attendue… » »Qui a gagné ? Je n’en sais fichtre rien, mais ces abrutis sont capables de mettre le parti en l’air. Je vous demande de calmer le jeu, de trouver une solution. S’ils font trop les cons, je vais finir par m’en mêler. »
Mardi matin, alors que les résultats ont été laborieusement déclarés, Sarkozy en rajoute une couche sur « les cons » devant les visiteurs : « J’ai toujours dit que Fillon était une fausse valeur. On en a eu la preuve pendant cette élection : il a fait une très mauvaise campagne. Quand à Copé, on dit que c’est du Sarkozy au rabais. Mais, dans « Sarkozy au rabais », il y a Sarkozy. C’est peut-être pour cela qu’i l a été élu. Le fait que la motion de la France forte (pilotée par Peltier et Didier) arrive en tête, est aussi une bonne nouvelle. Le parti reste sarkozyste. »
Le mot de la fin : « Je suis loin d’avoir pris une décision quand à mon avenir politique. Mais je ne suis pas dupe. Copé ne va avoir qu’une idée en tête : m’empêcher de revenir sur le devant de la scène. »
En tout cas, pour dégommer Copé, sa nouvelle cible, il peut toujours s’appuyer sur Fillon. Et lui faisant miroiter Matignon ?
 
Finalement, la commission de contrôle, (la désormais célèbre Cocoe) n’a annulé aucun suffrage. C’était bien la peine que les fraudeurs se décarcassent…

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