A quoi sert Montebourg ?

 Le Canard Enchaîné du 5 décembre 2012
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« Cela fait six mois que je bosse sur ce dossier. En trois jours, Ayrault a tout salopé. » Comme tout un chacun, Montebourg a appris, en regardant le Premier ministre à la télévision, le contenu de l’accord signé le 30 novembre entre le gouvernement et ArcelorMittal. Furieux et vexé de ne même pas avoir été cité par Ayrault, à l’inverse de Moscovici, le ministre du Redressement productif a laissé ses collaborateurs en plan et s’est réfugié dans ses appartements.
Le lendemain matin, il se pointe à l’Elysée, l’air tragique : « J’ai été désavoué, donc je démissionne. »
En fait, selon Libé (3/12), qui a confessé Monteboug, celui-ci a mis son portefeuille dans la balance : « J’ai dit au président de la République que si rien n’était  fait avant ce soir pour réparer les dégâts sur cette question de nationalisation, je ne resterais pas au gouvernement…« 
Finalement, comme on sait, il restera. En sortant du bureau présidentiel, le ministre du Redressement productif s’arrête dans le bureau d’Aquilino Morelle, conseiller politique de l’Elysée. En présence d’Emmanuel Macron, secrétaire général adjoint de l’Elysée, il téléphone à Ayrault. Les deux hommes s’invectivent. Il y a longtemps que ces deux là se détestent, depuis 2007 au moins, et cette affaire de Florange agit comme un révélateur.
Comme quoi les haines recuites ne sont pas une exclusivité de l’UMP.
L’opération chantage, en tout cas, est une réussite. le chef de l’État, en délicatesse avec son aile gauche, ne peut se permettre de laisser partir Montebourg dans la nature : il oblige sont Premier ministre à lui rendre un hommage appuyé, dans un communiqué publié le 1er décembre. Un coup de lèche qui laisse le ministre du redressement productif froid comme l’acier sorti de Florange. Pour le réchauffer, il en faut plus : Hollande l’autorise à dire qu’il partage son sentiment sur une possible nationalisation des installations lorraines. Si Mittal ne respecte pas ses engagements, insiste Montebourg, la « nationalisation transitoire » lui pend au nez. Sous-entendu : cette histoire de nationalisation n’est pas une affabulation née dans un esprit dérangé, comme certains camarades le suggèrent lourdement.
Détail révélateur : toujours le 1er décembre, Montebourg réclame vainement une copie du « compromis » signé, la veille, entre le gouvernement et Mittal. Le 1er décembre, Pierre-René Lemas, secrétaire général de l’Elysée, le lui lit rapidement au téléphone, mais il ne lui remet pas. Le 4 décembre, le ministre du redressement productif n’a toujours pas le document en sa possession, alors que « Le Canard » s’apprête à le reproduire en page 3.
Montebourg, on dit merci à qui ?

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