Greenpeace – enquête sur ZARA : vêtements toxiques – Zara a entendu l’appel … La marque a proposé un calendrier d’élimination à court terme des substances chimiques

 Notre planète info 30/11/2012

Des vêtements toxiques chez Zara ? Greenpeace monte au créneau

Le 20 novembre 2012, Greenpeace a publié un rapport tonitruant, intitulé « Toxic threads: the big fashion stitch-up »[1]. En l’effet, l’association de protection de l’environnement accuse une vingtaine de grandes marques de produire des vêtements toxiques pour l’homme et l’environnement. L’ONG mondiale poursuit sur sa lancée, puisque Greenpeace Chine avait inauguré en 2011 la « campagne Detox »[2], après avoir révélé comment certaines grandes marques d’habillement étaient impliquées dans la pollution des eaux chinoises.
L’enquête : 141 produits de marque passés au crible
Pour mener à bien son étude, Greenpeace s’est procuré en avril 2012 141 articles d’habillement de marques différentes, dans 29 pays, afin d’analyser leur composition. Tous les types de vêtements ont été analysés : tee-shirts, jeans, chemises, robes… Au final, 63% de ces produits contiennent des substances chimiques dangereuses pour l’homme et l’environnement, et ce quelque soit le pays dans lequel ils sont vendus. L’expression « fashion victim » prend donc tout son sens, comme l’observe Jérôme Frignet, chargé de campagne pour Greenpeace. Les consommateurs sont effectivement victimes de la mode, au sens physique du terme…
Quels sont les produits chimiques incriminés ?
Greenpeace a relevé trois types de produits chimiques particulièrement préoccupants.
Les colorants azoïques
Les colorants azoïques provoqueraient de l’hyperactivité, des allergies et libéreraient des amines cancérogènes. Ils ont été trouvés en quantités faibles dans certains articles mais leur présence reste préoccupante, car les vêtements sont en contact direct avec la peau. Une exposition intense et prolongée à ce type d’amines[3] pourrait par exemple entraîner des cancers de la vessie.
Les phtalates
On rencontre également des phtalates, toxiques s’ils parviennent à migrer du matériau au corps humain (comme le bisphénol A). Ce qui s’avère tout à fait plausible lorsque ces produits passent dans l’environnement, à l’occasion d’un lavage par exemple : les substances toxiques sont rejetées dans le système de traitement des eaux usées et finissent par se déverser dans les cours d’eau. Ces phtalates pourraient entraîner une baisse de la fertilité, une perturbation des fonctions de reproduction et des complications à la naissance (malformations, etc.) : ce sont donc des perturbateurs endocriniens, en plus d’être toxiques pour les espèces aquatiques. Ils sont aussi soupçonnés d’avoir des effets cancérigènes.
Les éthoxylates de nonylphénol
Enfin, beaucoup des vêtements analysés contiennent des éthoxylates de nonylphénol (NPE). Une fois relâché dans l’environnement, le NPE se dégrade en nonylphénol (NP). Celui-ci se dépose sur les algues : les poissons et autres espèces les ingèrent et ces substances se transmettent ensuite à l’homme lors des activités de pêche. Or, le NP est également un perturbateur endocrinien accusé de dérégler les fonctions hormonales, c’est pourquoi il peut être dangereux même transmis indirectement.
Pourquoi l’enseigne Zara est-elle dans le collimateur de Greenpeace ?
L’ONG a trouvé des colorants cancérigènes dans deux articles de la marque espagnole. En tant que numéro un mondial de l’habillement, Zara devrait montrer l’exemple et entraîner les autres marques dans son sillage en commercialisant des produits garantis sans substances dangereuses, a estimé Greenpeace. Parmi les autres marques concernées figurent Giorgio Armani, Benetton, C&A, Calvin Klein, Diesel, Esprit, GAP, H&M, Jack & Jones, Levi’s, Mango, Tommy Hilfiger, Victoria’s Secret…
Greenpeace propose aux marques une cure de désintox
L’association presse donc les marques qui ont été contrôlées positives d’exclure les produits dangereux de la fabrication de leurs articles d’ici 2020, dernier délai. En effet, ces produits menacent les eaux, l’environnement et la santé humaine. C’est pourquoi l’association propose aux marques une « cure de désintox » et le lancement d’une « mode détox », en exhortant celles-ci à collaborer avec leurs fournisseurs, pour une attitude plus responsable.
Greenpeace a lancé un site Internet – qui ressemble trait pour trait à la boutique en ligne de Zara – où ceux qui le souhaitent peuvent compléter un formulaire afin d’interpeller l’enseigne. Le rapport de l’association montre une fois de plus que la plupart des marques ne justifient pas le coût auquel elles vendent leurs vêtements : même si Zara ne figure pas parmi les plus chères, l’enseigne aurait largement les moyens d’accorder davantage de soin à sa chaîne d’approvisionnement[4]. À force de délocalisations et de sous-traitance à l’étranger, beaucoup de marques ne contrôlent plus bien leurs productions, voire ne s’en soucient absolument pas. C’est ici que Greenpeace intervient pour responsabiliser ces marques, afin de les forcer à mettre en place un véritable contrôle de qualité tout au long du processus de production de leurs articles.
Une campagne qui a déjà fait ses preuves en 2011
Zara a entendu l’appel à une mode sans toxiques !
Jeudi 29 novembre 2012, Zara a finalement pris l’engagement d’exclure l’ensemble des substances chimiques dangereuses de sa chaîne de production. Cette victoire arrive après 8 jours de pression publique.
Ainsi, Zara s’est engagé à renforcer l’application de sa politique d’interdiction des APEO (dont les nonylphénols). La marque a proposé un calendrier d’élimination à court terme des substances chimiques les plus dangereuses comme les PFC (perfluorochlorures) et les colorants azoïques (susceptibles de se dégrader en amines aromatiques cancérigènes). Enfin, Zara annonce que d’ici fin 2013, au moins 100 de ses fournisseurs des pays du sud (dont 40 situés en Chine), rendront publiques les données relatives à leurs rejets de produits dangereux dans l’environnement. Ces données publiques détailleront les chiffres produit par produit, usine par usine, année après année.
Notes !« Toxic threads: the big fashion stitch-up » Littéralement : « Menaces toxiques : le grand coup monté de la mode »
Campagne Detox
Composé organique dérivé de l’ammoniac
Le fondateur de Zara est tout de même la première fortune d’Espagne…

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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