Nobel de la Paix – L’attribution de la prestigieuse récompense a suscité bien des débats : Un Nobel controversé

La Libre be. 10/12/2012  Slim Allagui, correspondant en Europe du Nord

Rarement un prix Nobel de la paix n’a été aussi controversé.

L’attribution de la prestigieuse récompense, accordée depuis 1901 en mémoire de l’inventeur suédois de la dynamite Alfred Nobel, à l’Union européenne a suscité bien des débats dans un royaume profondément divisé depuis des décennies sur l’Europe.

Le choix du prix Nobel de cette année est « une farce » , « un non-sens » pour les uns, « une reconnaissance méritée qui n’a que trop tardé » pour les autres. Seul un Norvégien sur quatre s’est déclaré favorable à ce choix annoncé en octobre par le comité Nobel, selon une enquête de Respons Analyse, publiée par le quotidien de référence « Aftenposten ». Pas moins de 37 % y sont opposés et le reste est sans opinion.

Professeur en politique européenne de l’université de Bergen, Frank Aarebrot tente de tempérer l’attitude négative de ses compatriotes. « Lorsque la radio-télévision (nationale) NRK a annoncé le choix du jury, elle a retransmis en direct les réactions aux sièges du Mouvement européen et du non à l’UE, ce qui a créé de la confusion dans l’esprit des sondés qui ont mélangé l’attribution de ce prix à l’adhésion à l’UE » , explique-t-il. Le rejet à chaud des Norvégiens de ce choix se reflète dans leurs convictions européennes : 70 % des personnes interrogées sont opposées à l’UE, 20 % en sont partisanes et 10 % indécises.

Le président du comité Nobel, l’ex-dirigeant travailliste Thorbjørn Jagland, défend bec et ongles ce choix « qui n’a pas été difficile à prendre et qui a été voté à l’unanimité  » des cinq membres du comité, d’anciens parlementaires de toutes obédiences. Un choix facilité, il est vrai, par l’absence depuis un an pour longue maladie de Mme Ågot Valle (socialiste de gauche), qui n’aurait « jamais voté pour l’UE » , selon son époux. Son suppléant, l’ex-évêque d’Oslo, Gunnar Stålsett, a été plus conciliant à ce sujet. « L’UE a contribué en soixante ans à ce que l’Europe se transforme, passant d’un continent de guerre en un continent de paix » , résume-t-il, soutenu par le secrétaire permanent du comité Nobel Geir Lundestad.

Le choix de la candidature de l’UE, souvent citée dans le lot des favoris, était pleinement justifié en raison « de sa contribution à la paix, la réconciliation, à la démocratie et aux droits de l’homme en Europe » , insiste M. Jagland. Et de souligner, que dans le climat eurosceptique ambiant dans son pays, « on peut bien être opposant à l’Union et reconnaître en même temps le rôle de promoteur de paix qu’elle a joué en Europe »