Hollande renonce à braquer les banques, son « véritable adversaire »

Le Canard Enchaîné du mercredi 12/12/12 – Jean-Michel Thénard
Encore une promesse de campagne qui s’envole. C’était la 7ème des 60 propositions du candidat Hollande.
861432_francois-hollande-au-bourget« Je séparerai les activités des banques qui sont utiles à l’investissement et à l’emploi de leurs opérations spéculatives. »
Pour éviter que des traders fous ne finissent par plomber le compte en banque de Mme Michu, Hollande avait trouvé la parade : la banque de détail, qui prête aux ménages et aux entreprises, allait être coupée de la banque de financement et d’investissement, qui gère des activités liées aux marchés. Il suivait la même voie qu’Obama, qui avait prôné la réforme aux Etats-Unis. Le candidat allait ainsi faire rendre gorge à son « véritable adversaire », le « monde de la finance », qui, disait-il en janvier, au Bourget, « n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, et pourtant il gouverne ».
Un intense lobbying
Eh bien, il gouverne toujours ! Le 19 décembre, c’est un tout autre projet qui sera soumis au Conseil des ministres. Plus de séparation tranchée, les établissements bancaires se contenteront de placer leurs activités pour comptes propres (sans clients) dans une filiale séparée à partir du 1er juillet 2015.
rapetousLe lobby des banques est passé par là, conduit de main de maître par la Fédération bancaire française (FBF) et son grand mamamouchi, Michel Pébereau, ex-président de la BNP. Depuis des mois, le lobby n’a pas ménagé son énergie pour convaincre Hollande de revenir à de meilleurs sentiments. Jusqu’à poursuivre le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, à Tokyo le 12 octobre, à l’assemblée générale du FMI. Un ministre de l’Economie déjà convaincu, qui avait dit, le 9 octobre : «Je pense qui si on sépare, on risque de fragiliser les deux activités. » Et de vanter « le modèle français de banque universelle plutôt plus résistant que d’autres pendant la crise », avant de conclure : « Il y a autre chose que j’ai en tête, c’est que, la banque, c’est une industrie qui emploie en France 400000 personnes. » Des arguments de la FBF, qui en a plein d’autres… dans ses coffres.  
Hollande a calé devant une telle avalanche. Le monde de la finance peut donc respirer jusqu’au printemps prochain. Car, à cette date, Michel Barnier dévoilera la réforme bancaire que prône la Commission européenne, qui pourrait se révéler plus radicale que celle du gouvernement Ayrault. « Notre gauche va dire que l’on ne va pas assez loin, et l’Europe qu’on ne tape pas assez fort. On risque d’être pris à revers », sourit jaune un conseiller du Président. Il ne manquerait plus que Hollande finisse par payer de ne plus vouloir braquer les banques….

A propos werdna01

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