Tibet Immolations – Vingt-huit ont été comptabilisées en novembre. Les mesures répressives des autorités chinoises ne parviennent pas à juguler la contestation.

LE MONDE | 14.12.2012 Par Brice Pedroletti – Pékin, correspondant

Self-immolation-Tibet

L’impuissance de Pékin face aux immolations de Tibétains

La nouvelle équipe de dirigeants désignée, en novembre, à la tête du Parti communiste chinois (PCC) ne donne aucun signe d’ouverture face à la crise tibétaine. Au contraire, une virulente campagne de presse a été lancée dans les médias officiels. Des forces occultes sont accusées d’inciter aux immolations par le feu. Le grand chef d’orchestre de la série d’immolations qui touche le Tibet et les régions tibétaines de Chine occidentale est tout trouvé : c’est le dalaï-lama, qui, assène le Quotidien du peuple, « essaie de tromper le monde avec sa « retraite politique«  afin d’ouvrir une nouvelle page dans son projet » d’indépendance du Tibet.
Très peu informé sur les événements dans les régions tibétaines, le public chinois, largement indifférent, se voit apporter par le quotidien Global Times la « preuve » que « la clique du dalaï-lama est impliquée dans les immolations » avec l’arrestation à Aba, dans le Sichuan – la région où a eu lieu la première immolation en 2009 – d’un moine de 40 ans et de son neveu, accusés d’avoir incité huit personnes à s’immoler. Ces attaques attisent un peu plus encore l’indignation des populations tibétaines, dont la principale revendication est de pouvoir vénérer librement leur chef spirituel et de le voir revenir au Tibet.
Un impressionnant arsenal de mesures, sous forme d’« avis sur le traitement des immolations » est déployé depuis novembre, à l’initiative de la Cour suprême et du ministère de la sécurité publique. Il donne l’apparence d’une base légale aux poursuites en cas d’immolation, en détaillant les crimes – notamment d’homicide et de troubles à l’ordre public – dont peuvent être accusés ceux qui s’immolent par le feu, mais aussi toute personne qui « serre dans ses bras » l’individu qui s’est immolé, ou empêche la police et les secours d’intervenir, ainsi que ceux qui se rassemblent et assistent à des hommages.
« IL Y A DE PLUS EN PLUS DE LAÏCS »
Jusqu’à présent, les rassemblements et les cérémonies liés aux immolations n’avaient souvent pas pu être empêchés par les forces de police. « Ces nouvelles directives sont très concrètes. Les Tibétains qui font des donations [aux familles des immolés] ou vont aux funérailles pourront être condamnés sévèrement. Les unités de travail peuvent enquêter sur leurs employés et les congédier ou les punir s’ils participent », confirme Tsering Woeser, écrivain et blogueuse tibétaine. Celle-ci doute toutefois que cela mette fin aux immolations, dont la fréquence s’est accélérée ces dernières semaines : vingt-huit ont été comptabilisées en novembre.
Tsering Woeser a publié, le 10 décembre sur son blog, le chiffre de 100 immolations depuis 2009, en comptant trois cas en dehors de Chine. De retour il y a quelques jours d’un long périple au Tibet et dans la province voisine du Qinghai, elle constate que les profils de ceux qui s’immolent par le feu se diversifient : « Il y a de plus en plus de laïcs, on trouve des nomades, un peintre de Thangka [diagrammes mystiques], un chauffeur de taxi, plusieurs collégiens. »
Mise en place depuis le soulèvement des régions tibétaines en 2008, la répression est devenue encore plus systématique depuis le début de l’année dans la région autonome tibétaine, constate l’ONG International Campaign for Tibet, liée à la diaspora, dans un rapport publié le 10 décembre sur la vague d’immolations.
DES DIZAINES DE MILLIERS DE CADRES DU PARTI ET DE POLICIERS
Des dizaines de milliers de cadres du parti et de policiers ont été dépêchés dans les zones rurales et urbaines pour encadrer la population. Les contrôles de permis de résidence et de circulation sont drastiques. Les régions tibétaines des provinces chinoises, où vivent la plupart des Tibétains, sont appelées à être mises en coupe réglée.
Or l’esprit de résistance y est féroce. « Les cadres ont un peu peur de venir dans les monastères », expliquait lors d’un passage à Pékin, fin novembre, un moine de rang intermédiaire d’un monastère du Qinghai. « Les fonctionnaires tibétains sont gênés et ne savent pas très bien comment s’y prendre pour ne pas s’aliéner la population », poursuit-il. Il craint que des formes de violence terroriste n’apparaissent. « Un nombre croissant de gens disent que les immolations ne conduisent à aucun résultat, nous dit-il. Ça peut dégénérer. »
Deux nouvelles immolations de jeunes Tibétains en Chine
Chine : une Tibétaine de 16 ans s’immole par le feu

China Tibet

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Le duel français, des deux guignols UMP,  paraît bien dérisoire par rapport aux informations constantes  sur les Tibétains. On peut se poser la question de savoir quand sera défendu ce peuple opprimé ?  Pourquoi la Libye, puisque cela fut possible et pas les Tibétains … ?

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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