Charlie Hebdo du 26 décembre 2012 – Zineb
A chaque fête du Christ, le bonhomme se retrouve au cœur du conflit des civilisations. Mascotte croisée pour les radicaux islamistes, Santa Claus cristallise la haine de barbus d’un autre genre. Au Maroc, cela fait trois ans qu’il est interdit par une circulaire du ministère de l’Intérieur, sous le fallacieux prétexte d’un supposé risque terroriste. Sur les artères du Casablanca colonial, des générations de marocains ont eu leur photo avec le vieillard jovial, en réalité, un jeune désargenté qui profite des fêtes chrétiennes pour ses faire quelques sous « halal », comme le dit l’expression marocaine consacrée pour qualifier le travail honnête. Plus facile de dealer du shit au royaume du Commandeur des croyants.
Les autorités chérifiennes souhaitent en réalité promouvoir la figure de Baba Aïchour, une version locale du Père Nôel qui régale les enfants en friandises pour les fêtes de l’Achoura. Depuis des années, et malgré le soutien de la propagande, le papy en turban doré et burnous bleu peine à séduire les enfants
En Egypte, une émission télévisée de fatwas en direct reçoit un appel inédit. Au bout du fil, un petit garçon, Youssef, demande s’il risque d’aller en enfer « si papa Noël descend dans la cheminée« . Le cheik Khaled-el-Guindy bondit sur son fauteuil de mufti : « Papa Noël n’apporte pas de cadeaux, c’est papa Muhammad qui en apporte ! » Voilà de quoi perdre un jeune fidèle, car, pour que les enfants aiment papa Muhammad, encore faut-il pouvoir le dessiner…
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Frédéric Baylot
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