Google – La guerre froide du XXIe siècle sera numérique : La cybercriminalité, un  » avantage compétitif – Attention aux chinois Huawei et ZTE

 Cyber-espionnage Rue 89 02/02/2013  Pierre Haski | Cofondateur

Le patron de Google : « La Chine, puissance la plus dangereuse au monde »

Dans un livre à paraître *, le patron de Google, Eric Schmidt, s’en prend violemment à la Chine, qualifiée de « superpuissance la plus dangereuse au monde »

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Eric Schmidt, chez Google France, à Paris, le 25 mai 2011 (MARS/JDD/SIPA)
Le hasard fait que les extraits de ce livre sortent alors que des hackers chinois sont accusés d’intrusions dans les systèmes informatiques des grands médias américains, et que Twitter a annoncé que les données de 250 000 détenteurs de comptes ont été piratées, se bornant à constater qu’il ne « s’agit pas d’un travail d’amateurs ».
Google et la Chine, c’est une longue histoire, faite de compromis, puis de ruptures lorsque la firme américaine a fermé son moteur de recherche – censuré – en Chine continentale, pour le relocaliser à Hong Kong, zone autonome.
La cybercriminalité, un « avantage compétitif »
Mais Eric Schmidt va plus loin, dans une posture inhabituelle de la part d’un patron de multinationale dont les intérêts sont par définition globaux : dans les extraits publiés par le Wall Street Journal, le président exécutif de Google accuse Pékin :
d’être le plus grand censeur d’Internet au monde ;
de pratiquer le hacking le plus important et le plus sophistiqué d’entreprises au monde ;
de considérer que la cybercriminalité lui donne un avantage compétitif sur le plan économique.
Eric Schmidt ajoute : « Le décalage entre les entreprises chinoises et américaines et leurs tactiques placent aussi bien le gouvernement que les entreprises américaines dans une situation de désavantage clair [car] les Etats-Unis ne vont pas prendre le même chemin du cyberespionnage industriel, du fait de lois plus strictes (et mieux respectées) et parce qu’une telle concurrence illégale viole le principe américain de fair play ».
Le patron de Google ajoute qu’il ne pense pas que les Etats-Unis soient des « anges », citant notamment le virus informatique Stuxnet utilisé par les Américains (et les Israéliens) contre le programme nucléaire iranien, des cas de cyberespionnage, ou encore la vente de matériel de surveillance électronique américain à des régimes autoritaires.
Attention aux chinois Huawei et ZTE
Eric Schmidt met également en garde contre les fournisseurs de technologie chinois, comme Huawei, équipementier télécom devenu l’un des plus gros au monde.
Pour les auteurs, la fourniture de technologie permet la création de « sphères d’influence ». « Quand Huawei gagne des parts de marché, l’influence et l’accès de la Chine augmentent en même temps. »
Huawei et l’autre équipementier chinois, ZTE, sont régulièrement au cœur des inquiétudes des responsables de pays occidentaux, qui redoutent la dépendance de leurs systèmes de communication vis-à-vis d’une entreprise que l’on dit étroitement liée au complexe militaro-industriel chinois.
En France, c’est le sénateur Jean-Marie Bockel qui, il y a quelques mois, avait publié un rapport qui allait jusqu’à envisager d’interdire sur le sol français ces deux entreprises chinoises pour des raisons de sécurité.
Le livre dont les extraits viennent de sortir s’intitule « The New Digital Age » (le nouvel age numérique), et il sera cosigné par Eric Schmidt avec Jared Cohen, un petit génie de 31 ans, qui a notamment été le conseiller d’Hillary Clinton au Département d’Etat. Jared Cohen a été recruté par Google pour diriger un département intitulé « Google ideas », un think tank maison.
Ajoutant du crédit aux accusations des dirigeants de Google, les attaques pleuvent contre les hackers chinois ces derniers jours, après les intrusions dans les systèmes du New York Times, du Wall Street Journal et de Bloomberg, trois médias américains qui ont publié ces derniers mois des informations embarrassantes pour les dirigeants chinois, y compris de possibles affaires de corruption.
La guerre froide numérique
La Chine a été clairement montrée du doigt dans ces trois affaires, mais pas directement dans la « brèche » dont a été victime Twitter, l’une des plus importantes de sa courte histoire – 250 000 comptes ont donc vu leurs mots de passe et l’identité des détenteurs copiés.
Pour des raisons commerciales ou dans les rivalités de grandes puissances au XXIe siècle, le contrôle de la technologie, la capacité d’espionner ou d’empêcher l’espionnage, et plus globalement la capacité de nuisance numérique d’un Etat sont en train de devenir des atouts-clés.
Les péripéties de l’actualité comme le cri d’alarme lancé par les patrons de l’une des plus importantes entreprises numériques au monde font de la Chine l’un des pays-clés de ce nouveau monde. La guerre froide du XXIe siècle sera numérique ou ne sera pas : à lire Eric Schmidt, elle sera.

PICEDITOR-SMH

* Eric Schmidt, ancien PDG de Google, va publier un livre intitulé « The New Age Digital » en Avril 2013

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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