Degré zéro de la pensée : Le suicide cathodique de Véronique Genest, entrée en politique

 Rue 8910/03/2013 Pierre Haski | Cofondateur
 Ça s’appelle un suicide cathodique. Malgré toute l’antipathie que peut générer le format de l’émission « On n’est pas couché », mêlant la franche rigolade avec le réquisitoire de journalistes-procureurs, Véronique Genest s’est surpassée samedi soir dans le degré zéro de la pensée.
Elle s’en est elle-même rendu compte, preuve que sa cause n’est pas totalement perdue, puisque la comédienne a fait savoir au magazine TV Mag, après l’enregistrement de l’émission de France 2 jeudi, qu’elle avait eu le sentiment d’être tombée « dans un traquenard ».
« Je devais parler de mon engagement politique et des actions sur lesquelles j’ai l’intention de m’impliquer et, au lieu de ça, je me suis retrouvée devant une sorte de tribunal. C’était presque une mise à mort, j’ai vraiment eu l’impression d’être tombée dans un traquenard. »
La comédienne, dont le nom reste immanquablement attaché au personnage de la femme-flic Julie Lescaut des années 1990, devait pourtant s’attendre à une émission tumultueuse, étant donné la somme de polémiques qu’elle a déclenchées depuis qu’elle a cessé de réciter les textes des autres pour dire ce qu’elle pense.
Incapable d’argumenter

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Après avoir admis publiquement son islamophobie elle a au moins le mérite de son courage, à moins que ce ne soit seulement de l’inconscience –, Véronique Genest a choisi de plonger (modestement) en politique.
Et pas n’importe comment : en devenant la suppléante d’un candidat pas tout à fait comme les autres à l’élection législative partielle dans une circonscription qui ne l’est pas non plus, la 8e circonscription des Français de l’étranger, celle qui contient notamment les électeurs français d’Israël (mais aussi de Turquie, Italie, Grèce, etc.).
Vidéo
Loin du « traquenard » qu’elle dénonce, Véronique Genest savait donc qu’elle serait « cuisinée » par les deux journalistes-animateurs, Natacha Polony et Aymeric Caron :
– sur ses prises de position sur l’islam (« Si être islamophobe, c’est d’avoir peur, alors je suis islamophobe, comme beaucoup de Français ») ;
– sur son drôle de couplage avec Jonathan-Simon Sellem, un Franco-Israélien vivant en Israël, et qui défend des thèses bien à droite dans le contexte lui-même très très à droite de l’Etat hébreu.
Et c’est là qu’intervient le naufrage, le suicide en différé, car l’actrice a été incapable de défendre un point de vue, d’argumenter, de donner les sources de ses affirmations les plus contestables.
Pire, elle s’est dite « fatiguée » pour justifier l’indigence de ses propos, au point qu’on en vint à la prendre en pitié et à se demander, comme l’a fait dans un rare accès de bonté Aymeric Caron : qu’est-elle donc allée faire dans cette galère, celle de la politique comme celle de cette surexposition à ONPC.
Un grand moment de vide
Et c’est sur Twitter qu’elle a été obligée de ramer samedi soir pour donner les sources qu’elle fut incapable de donner à l’antenne, ou pour défendre « son » candidat : « Je confirme que Jonathan-Simon Sellem ne représente pas l’extrême-droite et n’a pas écrit ce que Polony cite. »
Le mal est fait, et Véronique Genest ne parviendra sans doute plus jamais à être prise au sérieux pour ses opinions politiques ou « philosophiques ». La vie intellectuelle française s’en remettra, elle moins.
Mais au-delà de l’anecdote, c’est une fois de plus le système de l’« infotainment », ce mélange bien contemporain d’information et d’entertainment, de divertissement, qui est en cause.
Fallait-il réellement inviter Véronique Genest dans cette émission devenue un « must » pour vendre un livre ou un film, ou simplement une image ?
Ou le but n’était-il pas de provoquer effectivement cette mise à mort prévisible, un « traquenard » en effet, dans lequel la comédienne s’est précipitée par les spots et les caméras attirée. La société du spectacle a encore vécu un grand moment… de vide.
Pour en savoir plus :  Bastons à l’UMP pour les voix des Français d’Israël

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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