Le « Guide des Expertes » 2013 pour donner la parole aux femmes dans les médias

Terrafemina – 6/2/2013 – Laure Gamaury
Pourquoi faire appel à des femmes pour parler compétitivité, énergies renouvelables, islamisme ou zone euro sur un plateau télé quand il est tellement plus simple d’inviter des experts masculins, pourtant surreprésentés dans les médias ? Le « Guide des Expertes », version 2013, est sorti le 31 janvier. Il propose plus de 300 noms de spécialistes féminines dans des domaines variés et sera distribué dans les rédactions pour « rendre visible l’expertise au féminin »
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Les femmes représentent moins de 20 % des experts invités dans les émissions de télévision, de radio ou dans les colonnes des journaux, selon l’Inspection générale des affaires sociales. Le constat est connu depuis plusieurs années, et pourtant, les médias bougent peu pour tenter de rééquilibrer leurs plateaux, toujours aussi masculins (et monochromes). Ce n’est pourtant pas faute d’avoir des femmes aussi compétentes que leurs confrères masculins sur une grande variété de sujets. « Les deux tiers des diplômés de troisième cycle sont des femmes ! » s’insurgeait Brigitte Grésy, rapporteuse de la commission sur les femmes dans les médias, dans une enquête parue en septembre dans M le magazine du Monde (« Expert, nom masculin« ).
Pour lutter contre la faible représentation des femmes dans les médias, les éditions Anne Carrière actualisent le « Guide des Expertes » publié l’an dernier par la militante afghane Chekeba Hachemi et l’enrichissent de nouveaux noms pour « rendre visible l’expertise au féminin ». L’édition 2013, sortie le 31 janvier, liste 317 professionnelles qui peuvent intervenir sur des sujets aussi divers que la crise économique, la Syrie, l’homoparentalité, le développement durable ou encore les réseaux sociaux. Un guide préfacé par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, et par Françoise Héritier, professeure honoraire au Collège de France.
« C dans l’air », le mauvais élève
calviCes expertes aussi compétentes que leurs homologues masculins sont rarement invitées à s’exprimer sur les plateaux de télévision, dans les studios de radio ou dans les colonnes des journaux.  La rapporteure de la commission de réflexion sur l’image des femmes dans les médias, Brigitte Grésy, nous confiait en 2011 : « Si l’on prend l’exemple de la télévision, elle ne fait apparaître qu’un tiers de femmes sur le petit écran contre deux tiers d’hommes. En outre, les femmes sont toujours moins expertes et plus anonymes. Elles interviennent davantage en tant que victime ou témoin ». Un constat incompréhensible à ses yeux puisque comme elle le rappelait dans un article de M le magazine du Monde daté de septembre 2012, « les deux tiers des diplômés de troisième cycle sont des femmes ». Pourtant, le constat est le même dans les entreprises où elle intervient : les femmes se font rares.
L’exemple médiatique le plus flagrant de cette discrimination : l’émission de France 5, « C dans l’air », présentée par Yves Calvi où les costumes-cravates sont bien plus nombreux que les jupes-tailleurs. Cette particularité, raillée sur les réseaux sociaux, a d’ailleurs valu à son présentateur un accueil spécial à la conférence de rentrée de RTL : des militantes du collectif féministe La Barbe l’attendaient pour le féliciter ironiquement de la « virilité exemplaire » de son émission.
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