Indre-et-Loire – La SNCF et ses 150 wagons perdus ?

La Nouvelle République 30/03/2013

Sur la piste des wagons perdus :  » Ça fait sourire de chagrin « 

150 wagons de fret sont portés disparus. Les syndicats les imaginent perdus à l’étranger ou à la casse ! – (Photo archives NR, Patrice Deschamps)

La SNCF vient de proposer 82,10 € aux cheminots qui retrouveraient l’un des 150 wagons de fret “ disparus ”. Les syndicats tourangeaux rient jaune.

Ce n’est pas un poisson d’avril mais une géante chasse à l’œuf, au goût amer. La SNCF vient de lancer un appel pour retrouver 150 wagons de fret vides dont elle avoue avoir perdu la trace. Une récompense de 80,10 € est offerte aux cheminots en cas de découverte.

« Une somme dérisoire pour un système bizarre qui ne fait vraiment pas sérieux, juge le Tourangeau Harold Guesnard, syndicaliste CGT-cheminots. Mais cela ne m’étonne pas. Le fret a tellement été cassé, laissé à l’abandon et les effectifs tellement réduits. Depuis 2006, les cheminots qui lui sont dédiés sur la région Centre sont passés de plus de 500 à 350 aujourd’hui. »
Tout aussi stupéfait, Dominique Gabillet d’Unsa-cheminots : « C’est malheureux qu’on demande aux salariés du fret de chercher de vieux wagons vides. Ne devrait-on pas, plutôt, les encourager à chercher des clients ? »

Cent clients en 1985  contre dix aujourd’hui

Quant à savoir si certains seront motivés par la recherche, les deux hommes assurent qu’ils ne seront pas nombreux.
« On connaît des endroits où des wagons sont «  calés  » depuis longtemps. Mais on n’a même pas les numéros de ceux recherchés. Il arrive aussi qu’on perde des wagons à l’étranger ou chez d’autres opérateurs. Certains sont peut-être également déjà à la casse ! »
« Ça tourne vraiment au ridicule, tranche le retraité Daniel Bernard, ancien secrétaire régional de la CFDT cheminots. Par le passé, on suivait quotidiennement ces wagons. C’était même mon travail. Grâce à nos ordinateurs de l’époque, on savait à tout moment où ils étaient. On les comptait et les recomptait. C’était tout simple.
« On allait même réclamer des pénalités chez les clients qui les rendaient avec 24 heures de retard. C’était possible car on était beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui. On avait tout de même près d’une centaine de clients à gérer en Indre-et-Loire. »
Des clients qui ne seraient plus qu’une dizaine aujourd’hui. « Cette vaste plaisanterie traduit ce qu’est devenu le fret. Elle fait sourire les cheminots. Mais sourire de chagrin ! »

Recueilli par Cécile Lascève