Politique-fiction : Les prévisions de Superno pour 2017

Le blog de Superno – 14 avril 2013 –
François Hollande, comme la quasi-totalité de ses concurrents, attend le retour de la “croissance”, comme d’autres guettent désespérément une lueur d’intelligence dans l’œil de Christian Jacob : dans les deux cas, c’est peine perdue.
D’autre part, c’est même une certitude mathématique depuis la signature scélérate du traité Merkozy. On ne peut pas volontairement s’attacher un boulet en fonte aux chevilles et prétendre en même temps qu’on va battre le record du 100 mètres. Le chiffre officiel du déficit français a été fixé à 4,8% en 2012, Hollande a signé l’obligation de le ramener à zéro d’ici la fin de son mandat. Un “point de PIB” (comme disent les téléconomistes) valant en gros 20 milliards, il faudra trouver près de 100 milliards d’économies, en liquide ou en nature, d’ici 5 ans. Un carnage. D’autant qu’il faut y ajouter les cadeaux au patronat, 20 milliards pour l’instant, et le quinquennat n’est pas fini…
patrimoine-courrierHollande pulvérisé en 2017, c’est évidemment un autre chasseur de croissance-rembourseur de dette qui va prendre sa place. Qu’il s’appelle Fillon, Bayrou, ou Valls (vous sentez comment la presse vendue est en train de le mettre sur orbite, ce Sarkozy-bis ?), c’est pareil : il sera de droite. Et devant l’échec de Hollande, il fera le diagnostic d’une trop grande parcimonie à appliquer les dogmes pourtant incontournables du libéralisme, et  se déclarera contraint de prendre de nouvelles mesures en attaquant le secteur public là où il reste encore quelque chose à prendre.
La première piste, c’est forcément la sécu. Sur un budget de 450 milliards, il y a toujours à gratter. Et vu le nombre de simples d’esprits qui pensent que ce sont les zassistés, les zétrangers et les fraudeurs de tout poil qui sont responsables du déficit, il ne sera pas difficile de les entuber sur le mode “Il n’y a pas d’alternative” cher à la vieille carne qui vient d’aller rejoindre Friedman,  Reagan et Pinochet en enfer.
La retraite, c’est déjà plus complexe. Comme le raconte volontiers Gérard Filoche (le dernier des Socialistes), l’histoire des conquêtes sociales a d’abord été faite de tricotage, puis de détricotage. On a connu les débuts du syndicalisme (relire Germinal), le Front Populaire, mai 68 (qui fut une révolte ouvrière bien plus qu’une révolte étudiante, ce que les médias ont tendance à occulter), puis mai 81. En France le basculement s’est produit peu après, disons en 1983 avec la reprise du pouvoir par les Delors, Fabius et autres ancêtres de la “gauche de droite” comme partout en Europe depuis trois décennies.
dessin-humour-dette-3Puisqu’on en est dans les hommages à Thatcher, cette trahison de la “gauche” est peut-être le pire morceau de son héritage. Car après Thatcher, ce que l’on a osé appeler “gauche”, ce fut Tony Blair, qui a essaimé en Europe toute une clique de “socio-libéraux”.  Ces gens-là, débarrassés des outrances de Thatcher (ou de Berlusconi ou de Sarkozy), et qui continuent contre toute évidence à faire mine d’être animés d’idéaux “sociaux”, font globalement une fois au pouvoir la même politique économique, et sont motivés par les mêmes âneries mortelles, comme la compétitivité, la réduction des “charges”, la disparition du secteur public, l’inflation zéro, et bien évidemment le remboursement de la prétendue dette, qui a en fait déjà été remboursée…
On observe en Europe une hausse continue de l’âge de départ en retraite, généralement motivée par la comptine pour enfants “oh bah oui, puisqu’on vit plus vieux, il faut travailler plus longtemps…”, et qui n’est en fait que la conséquence du dogme libéral qui commande à la fois de baisser les cotisations (“charges”) et les prestations sociales.
Mais en France au moins, pour l’instant, la retraite, même attaquée de toutes parts et détricotée depuis à peu près Balladur, est toujours soumise au “régime de répartition”. Chaque travailleur verse au pot commun selon ses moyens, et l’argent est versé aux retraités. Il n’y a pas de “stockage” à long terme du pognon, et si le régime est en déficit, c’est principalement en raison du refus idéologique d’augmenter petit à petit les cotisations, au nom du dogme libéral.
Conséquences évidentes, on repousse l’âge de la retraite, et on diminue les pensions. Même Hollande, le “socialiste”, qui doit trouver ses 100 milliards, n’a même pas été foutu de mettre en place son “impôt sur les riches” et va aller taper dans les retraites à trois chiffres.
untitledLe tout amplifié, répété, débattu par tous les médias dont certains ont des propriétaires qui attendent de se lancer dans ce business : la retraite par capitalisation. On comprend aisément que ce système ait la préférence des boursicoteurs qui peuvent exercer librement leur activité favorite (la spéculation) sans trop se soucier du résultat. L’électeur ayant une mémoire de poisson rouge, il suffira d’attendre quelques années pour que tout soit oublié. On vit une époque formidable.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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