Des pesticides fréquemment commercialisés en France malgré l’avis des autorités sanitaires

Le Canard Enchaîné – 24 avril 2013 – Confit de canard
Impensable ? Non. Ces six dernières années, le ministère de l’Agriculture a délivré 40 autorisations de mise sur le marché (AMM) pour des produits dits phytosanitaires, alors que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) les avait formellement déconseillés.
pesticides_risquesRevue de détail des joyeusetés que les agriculteurs ont eu le droit de mettre dans leur pulvérisateur. Le désherbant Mission, contenant du flazasulfuron, une molécule que l’Anses ne voulait pas voir utilisée sur les vignes, afin de ne pas plomber les nappes phréatiques, a obtenu en 2010 une AMM provisoire qui, en janvier dernier, à la faveur d’un revirement des autorités sanitaires, s’est transformée en autorisation ferme pour dix ans ! Quatre autres désherbants, au glyphosate cette fois, ont aussi décroché des autorisations d’utilisation, y compris par les jardiniers du dimanche, malgré les fortes réticences de l »‘Anses. Encore un exemple pas piqué des hannetons, le Chlortocide EL, un herbicide commercialisé depuis 2010 pour le blé et l’orge, dont l’Anses pointait le risque de contamination des eaux souterraines et le danger pour les oiseaux.
Le pompon revient au Tradianet Gazon, destiné au désherbage pour les jardiniers du dimanche, pour lequel l’agence a émis un vais défavorable « en raison d’un risque sanitaire pour l’utilisateur » et qui a été autorisé comme une fleur. Ajoutez, pour parfaire le tout, des molécules pour lesquelles l’Anses réclamait des restrictions d’emploi, ce dont la Direction générale de l’alimentation (DGAL), chargée au sein du ministère de l’Agriculture de délivrer les AMM, n’a nullement tenu compte.
Du coup, Générations futures*, association écolo qui ferraille depuis des années contre les fabricants de phytosanitaires, envisage de porter plainte contre l’État pour « carence » et « mise en danger de la vie d’autrui ».
Miel-vendeeDu côté de l’Anses, on l’a aussi mauvaise. Le 27 août dernier, son patron a adressé une lettre acide au directeur général de l’alimentation. il y recensait les avis négatifs de l’Agence, sue lesquels la DGAL s’assoit joyeusement. Et d’en profiter pour envoyer cette pique : « Si un retrait du marché ne vous parait pas envisageable dans un premier temps, une mise à jour des conditions d’emploi, sur la base de notre avis, permettrait de limiter le risque. » Regrettant le manque de réactivité de la DGAL quand un pesticide se voit banni sur une culture mais autorisé sur d’autres, le directeur de l’Anses demande que l’interdiction de la totalité des usages à risques soit « beaucoup plus rapide ». C’est ce qui s’appelle se faire prendre la main dans le bidon de pesticides.
Réagissant à cette information, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a appelé à la « transparence » et a demandé à la Direction générale de l’Alimentation, qui délivre les autorisations de mise sur le marché, de « répondre point par point à toutes les questions posées par Générations futures ». A suivre…
* Sud-Ouest du 27 avril 2013 : Pesticides : l’ONG Générations futures porte plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui »

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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