Un gouvernement d’union nationale est impossible en France

365 mots – 29 avril 2013 –

Un sondage publié dans le JDD et réalisé par l’Ifop sur un échantillon de 961 personnes prétend que 78 % des Français sont favorables à un gouvernement d’union. On ne sait pas trop qui a commandé cet énième sondage idiot, mais l’union nationale semble être la nouvelle lubie de la droite pour faire parler d’elle, mettre des bâtons dans les roues du Gouvernement, et envisager de revenir au pouvoir. Dans le détail, ce sondage précise quand-même ce qu’il entend par « union nationale » : un gouvernement avec les partis représentés à l’Assemblée nationale, et des personnes de la société civile. Cela inclut donc le FN et le Front de Gauche.

Dans l’histoire de la Cinquième république, l’ouverture a été pratiquée à plusieurs reprises, mais jamais un véritable gouvernement d’union nationale a été mis en place. Et pour cause : la Constitution, si elle n’exclut pas formellement une telle chose qui est pratique courante en Suisse, fait tout pour que ce soit impossible : le pouvoir du Président, le mode de scrutin, la pratique traditionnelle du pouvoir impliquent un si fort clivage que l’exercice de l’opposition consiste surtout à raconter n’importe quoi pourvu que ce soit le contraire de ce que dit la majorité.

Dans un contexte où la droite fait tout pour agiter la population contre le gouvernement de gauche, on voit mal comment ils pourraient s’entendre dans un même gouvernement. Alors, ajoutez-y le Front de Gauche et le FN, et imaginez un seul instant que tous ces gens discutent entre eux pour le bien commun ! Certains ont encore une fois pris en exemple l’Allemagne, mais nos voisins n’ont pratiqué une forme d’union nationale que quand la composition de leur parlement ne donnait aucune majorité claire. Et encore : cette union s’est toujours circonscrite aux deux gros partis, pas à tous.

Les Français sont peut-être pour un gouvernement d’union aujourd’hui car, après avoir essayé la droite, nocive et incompétente, puis la gauche, insipide, ils sont prêts à tout pour essayer quelque chose qui fonctionne. Sauf que ce n’est pas en mélangeant les cartes que le jeu sera meilleur. Ce qu’il faut, c’est changer le jeu. Ce qu’il faut, c’est de nouvelles institutions, plus démocratiques.