Siné mensuel N°20 mai 2013 – Yannis Youlountas
Dans le marasme grec, les initiatives se multiplient pour pallier le manque cruel de services publics.
L’état Grec n’est peut-être pas en faillite quand il s’agit de saigner les comptes publics pour abreuver les banques, mais il en a tout l’air quand il s’agit d’organiser la solidarité nationale. Alors, un peu partout, des initiatives autonomes tentent de remplacer toutes sortes de services et de structures laissées à l’abandon.
L’exemple le plus impressionnant et sans doute celui de la santé. Aujourd’hui, 36% des grecs n’ont plus de couverture sociale. Et pour cause : « Au bout d’un an d’inscription, tout chômeur perd désormais son droit à IKA (Sécu) au moment où il en a le plus besoin, c’est une aberration, un pistolet sur la tempe« , s »insurge Anna, ancienne employée d’une conserverie du Péloponnèse et animatrice d’actions de chômeurs. Le plan imposé par la troïka prévoit la diminution du nombre d’hôpitaux de 137 à 85, doublée d’une chute des budgets et des salaires de plus de 40% ! Outre les Grecs en souffrance, d’innombrables migrants ont également besoin de soins d’urgence bien que dépourvus de droits, car pris au pige de la misère et de la violence, de la faim qui frappe, de pair avec les milices néo-nazies d’Aube Dorée. C’est dans ce contexte apocalyptique que qu’une trentaine de dispensaires sociaux et sanitaires autogérés ont vu le jour dans tout le pays. Comment parviennent-ils à fonctionner ? D’abord grâce à des professionnels de santé bénévoles parallèlement à leur emploi salarié dans ce qui reste du service public. Ensuite, grâce à des bouts de ficelle : matériaux de récupération, outils vétustes réparés, tissus découpés pour faire des compresses quand il n’y a rien d’autre et, parfois, retour à des savoirs ancestraux en phytothérapie. Toutefois, les poches de chimio sont hors de prix et de plus en plus difficiles à trouver en Grèce. Alors ? Reste la solidarité internationale. Dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, des collectifs de solidarité* sont nés récemment pour aider ces dispensaires à se pourvoir en médicaments et en fournitures essentielles. un convoi est même prévu pour le 7 juin, durant l’Alter Sommet d’Athènes**.
L’école crie famine, les élèves aussi
A quand la même chose dans les écoles ? Les manifestations étudiantes et lycéennes s’intensifient devant le désastre des conditions d’enseignement. Outre la fermeture de quatre universités et de nombreux départements universitaires, la chute de 55% des moyens matériels et des salaires des profs, la misère en milieu étudiant se traduit aussi par le manque de livres et de papier, et même l’absence de chauffage cet hiver, provoquant de nombreuses fermetures temporaires d’écoles. les cas d’évanouissement d’écoliers dus à la faim se sont multipliés dans les établissements, provoquant des grèves et des actions en justice. Dans ce marasme, certains élèves ont décidé de donner des cours aux plus jeunes et de les aider. mais l’autogestion peut-elle être la seule réponse ??