Sommes-nous assez exigeants avec nos élus ?

France Info – 25 avril 2013 – Alice Serrano
Cela fait 30 ans que Patrick Balkany règne sur Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. Le maire UMP a pourtant été condamné par la justice pour prise illégale d’intérêt. Il doit encore un peu plus de 100.000 euros à la ville. Pourquoi ses administrés sont-ils tant attachés à leur maire ?
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Patrick Balkany est maire de Levallois-Perret depuis 30 ans © Maxppp
Il fait bon vivre à Levallois depuis que Patrick Balkany a pris la tête de la mairie il y a 30 ans. L’homme au sourire enjôleur a transformé la ville, multiplié les espaces verts, attiré les entreprises, développé les crèches. Et quand on évoque l’affaire pour laquelle il a été condamné en 1996 (emploi de personnel municipal pour ses propres besoins) et qui le contraint à rembourser encore plus de 100.000 euros à la mairie, beaucoup d’habitants répondent : « Oui mais notre ville est bien tenue, c’est le principal !« .
Comment expliquer cette indulgence vis-à-vis de celui qui a fait de Levallois-Perret la ville la plus endettée de France (plus de 11.000 euros par habitant, très loin devant Cannes, deuxième au palmarès) ? Loïc Leprince-Ringuet, membre de l’opposition municipale a sa petite idée : « Patrick Balkany base ses relations sur le clientélisme. On fait venir son électorat, on l’attire, que ce soit des jeunes couples pour qui on a ciblé une bonne  politique scolaire et le logement social, les personnes âgées qu’on emmène au Lido à Noël et à qui on offre un petit cadeau le 14 juillet, c’est tout cela qui fait le clientélisme à Levallois « .
Tout cela fonctionne et est mis en valeur par l’équipe municipale qui consacre à la communication sur la ville un budget de 2 millions d’euros par an, confie l’opposante socialiste aux municipales de l’an prochain. « On fait un magazine en papier glacé, on passe son temps à faire son bilan et à montrer que les finances vont bien avec une intox totale en termes de présentation des chiffres. Et en lisant ce beau magazine les gens ont le sentiment que la ville est exceptionnelle et que cela ne pourrait qu’être autrement si le maire n’était pas Patrick Balkany. »  

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« C’est Palerme ici« 
Akim lui, reproche aux Levaloisiens d’être complices de ce système : « C’est Palerme ici, tout le monde sait mais personne ne parle« , dénonce ce jeune homme de 32 ans. « Il accorde des logements sociaux à condition que la population vote pour lui. Tout le monde connait le système Balkany mais ceux qui en profitent préfèrent ce se taire ! Alors, l’intérêt individuel prime sur l’intérêt collectif ».
Arnaud de Courson lui veut jouer la prudence. Le tombeur d’Isabelle Balkany aux cantonales et candidat divers droites aux prochaines municipales refuse de taper sur celui que certains appellent ici Jules César : « Il faut faire une forme de ménage, mais en proposant un projet et non dénoncer la corruption. Taper sur les élus corrompus ne sert à rien. Ce n’est pas en critiquant que l’on va gagner les prochaines élections municipales« . D’autant que Patrick Balkany (qui a décliné la demande d’interview) dispose de sérieux atouts ; séducteur, proche des gens, il attire la sympathie. Arnaud de Courson sait que la prochaine bataille municipale sera très difficile.
Lire aussi : Les flics visitent le palace des Balkany

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