Indre – Le savoir-faire local : Les chemises, l’un des derniers dinosaures de la confection française

La Nouvelle République 10/05/2013

Les derniers pans de la chemise française

David Rabier travaille en partenariat avec le musée de la Chemiserie d’Argenton-sur-Creuse.

Les chemises Lordson, fabriquées à Écueillé et vendues à Argenton-sur-Creuse, pérennisent un vrai savoir-faire local.

Comme son nom ne l’indique pas, la marque Lordson symbolise le made in France. A l’image des peluches Blanchet, fabriquées à Saint-Marcel, elle incarne une ère quasiment disparue, et David Rabier, un jeune commercial originaire du département, a voulu sauver un des derniers dinosaures de la confection indrienne. Tout n’a pas été simple.

« J’étais un client fidèle de Lordson, explique le nouveau P.-D.G. Quandj’ai appris en 2010 que l’entreprise était en liquidation judiciaire je n’ai pas voulu qu’elle disparaisse complètement, comme les 100.000 Chemises ou Rousseau. Je me suis donc rendu à la vente du matériel, où tous les vautours étaient présents pour acheter les machines, et j’ai levé la main lorsqu’on a proposé les tissus. Je suis reparti avec les modèles et la marque. Il restait à relancer la production. »

 Cent vingt modèles haut de gamme

David Rabier allait s’attaquer à un véritable challenge. Après la fermeture de l’usine emblématique de Saint-Marcel, il devait trouver un nouveau fabriquant. La société Confection du Boischaut-Nord, qui emploie 49 salariés à Écueillé et travaillait déjà pour de grandes griffes, acceptait de prendre le relais. « Il n’y a plus que quatre ateliers de confection dans l’Indre, et grâce à ce savoir-faire local nous avons pu repartir dans de bonnes conditions en reprenant les patrons originaux de Lordson et en n’utilisant que des beaux tissus. »

Cent vingt modèles de chemises sont actuellement commercialisés chez les détaillants et au musée de la Chemiserie et de l’élégance masculine d’Argenton-sur-Creuse ( ci-dessus) par le biais d’un partenariat conclu voici un an et marqué actuellement par une opération exceptionnelle.
« Quand j’ai voulu reprendre la marque, j’étais en concurrence avec quelqu’un qui voulait la transférer à l’étranger, se rappelle David Rabier. Je suis fier d’avoir permis de la conserver en France, où elle a été créée en 1926. »

repères

La marque Lordson a été déposée en 1926 dans l’Est de la France. Créé à la même époque à Saint-Marcel, l’atelier de confection Bazin, devenu ensuite Royalfrance, en a assuré la sous-traitance avant de la reprendre il y a plus de vingt ans. En la rachetant, David Rabier a voulu perpétuer la longue tradition argentonnaise de la confection, illustrée par un musée, mais aussi souligner la qualité du made in France. L’opération prévue aujourd’hui, samedi et dimanche de 9 h 30 à 12 h et 14 h à 19 h dans le musée, permet d’acheter moins cher ces produits haut de gamme vendus habituellement 99 €, et de bénéficier d’une visite gratuite du site.

Jean-Michel Bonnin