La retraite à 70 ans c’est maintenant

Planet.fr – 17/05/13- Jérémy Pastor
François Hollande était très attendu lors de la seconde conférence semestrielle de son quinquennat. Alors que, en campagne, il avait promis de revenir sur la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy qui portait l’âge légal de départ à 62 ans, il a cependant confirmé qu’il faudra travailler plus longtemps pour avoir une retraite à taux plein. Le projet prévoit une durée de cotisation de 44 annuités et la désindexation de toutes les retraites en fonction de l’inflation. Une personne qui a fait plusieurs années d’études pourrait ainsi travailler jusqu’à 70 ans.
100_5392Hollande a également appelé de ses veux une gouvernance économique européenne. Il confirme donc que chemin de l’austérité imposé à toute l’Europe par la Commission européenne, la chancelière Allemande, le FMI et la Banque centrale européenne est bien aussi celui auxquels doivent se résigner les français.
Face au mur, on accélère… (La Décroissance – mai 2013 ) – Extraits – co-auteurs de l’article *
Depuis des décennies, toute l’économie capitaliste ne fonctionne que grâce à l’industrie financière et au crédit. Or, si le secteur financier est si fragile, c’est parce qu’il est totalement « surdimensionné » par rapport à l’économie « réelle », et pas seulement en Islande ou à Chypre. Cette inversion n’est pas, d’abord, la conséquence des politiques néo-libérales, auxquelles on pourrait tenter d’opposer une politique plus « saine ». Car, en tant que système, le capitalisme est devenu, depuis longtemps, une entreprise non rentable (au-delà du profit immédiat réalisé à court terme par tel ou tel acteur financier) :  Dans l’économie capitaliste, ce n’est seulement que le travail fourni qui crée la valeur des marchandises, et, par là, l’argent « valable ». Les technologies, elles, ne créent pas de valeur, et, leur utilisation toujours plus massive sape les bases mêmes de la valorisation.
100_50231L’explosion des marchés financiers à partir des années 1970 traduit le fait que le capitalisme ne fonctionne qu’en simulant sa croissance et en consommant, sous forme de crédits, des gains futurs imaginaires. Cet argent fictif – donc, l’argent qui n’est pas le résultat d’une valorisation du capital à travers le travail – augmente d’une année à l’autre. Chaque crise financière, grande ou petite, menace alors de faire tomber l’édifice entier. Mais un tel écroulement ne rétablira pas l’économie réelle sur des bases plus « saines »; il démontrera au contraire, l’obsolescence du système entier basé sur le travail abstrait et la valeur, la marchandise et l’argent.
La sortie d’un tel système ne se fera pas sans douleur, car la crise économique se croise avec la crise écologique 100_5384et la crise énergétique : pour faire pièce à la diminution constante de la valeur contenue dans chaque marchandise, on produit toujours plus, au prix d’une consommation effrénée de ressources et d’énergie. La croissance à outrance est plus qu’un idéologie : elle est consubstantielle à l’économie capitaliste. Et le prochain grand pays européen en « défaut souverain » risque bien de faire s’écrouler le château de cartes de la finance mondiale, et ensuite celui de l’économie dans son ensemble, nous faisant ainsi toucher du doigt l’absurdité d’un système qui, encore aujourd’hui, passe presque partout pour indépassable.
* Olivier Berruyer : animateur du blog les-crises.fr, est l’auteur de Les Faits sont têtus (Les Arènes, 2013) et de Stop ! Tirons les leçons de la crise (Yves Michel 2011)
* Anselm Jappe, critique de l’économie politique, a notamment écrit Crédit à la mort (Lignes, 2011), Les Aventures de la marchandise (Denoël, 2003 et Guy Debord)
* Olivier Delamarche, analyste financier spécialisé en macroéconomie et chroniqueur sur BFM TV.
* Bernard Friot, professeur émérite de sociologie à l’Université Paris Ouest Nanterre, membre de l’IDHE-CNRS, auteur de L’Enjeu du salaire (2012) et Puissances du salariat (2012)

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
Cet article, publié dans Economie, Europe, Politique, est tagué , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.