Affaire Tapie – L’arbitrage : les anciens membres du gouvernement prennent leurs distances

 Nouvel Observateur 30-05-2013

Affaire Tapie : Borloo affirme n’avoir « donné aucune instruction »

 Rachida Dati veut, elle, rester « en dehors » de la procédure alors que François Bayrou met en cause le sommet de l’Etat. Réactions.
Interrogés sur l’affaire Tapie, les anciens membres du gouvernement prennent leurs distances jeudi 30 mai. Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, a démenti jeudi avoir, lors de son séjour à Bercy en mai 2007, orienté vers le choix d’une procédure d’arbitrage pour régler le dossier Tapie-Adidas.
Le dirigeant centriste était interrogé  sur RTL sur des déclarations de Stéphane Richard, aujourd’hui PDG d’Orange et alors son directeur de cabinet au ministère de l’Economie et des Finances, selon lesquelles une de ses premières décisions de ministre aurait été d’aller vers l’arbitrage. « C’est faux », a tranché le député du Nord. « J’ai passé quatre semaines à Bercy, personne ne m’a jamais sollicité dans ce dossier-là. Je ne m’en suis pas saisi, […] Je n’ai donné aucune instruction ».
Stéphane Richard était resté directeur de cabinet de Christine Lagarde quand celle-ci avait succédé en juin 2007 à Jean-Louis Borloo. La directrice du FMI a été placée sous le statut de témoin assisté, dans l’enquête sur le règlement en 2008 du litige avec Bernard Tapie après la vente d’Adidas. Le tribunal arbitral a octroyé à l’homme d’affaires 403 millions d’euros. Un de ses trois membres, l’ancien haut magistrat Pierre Estoup, a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée.
Le lapsus de Rachida Dati
Rachida Dati a elle aussi réagi, dans une formule alambiquée qui a tout du lapsus : « Je me suis toujours gardée de rester en dehors de cette procédure », a déclaré l’ancienne ministre de la Justice sur i-Télé.
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 Le président du Modem François Bayrou a, quant à lui, évoqué « un très fort soupçon d’une manœuvre organisée au sein même de l’Etat, une manœuvre concertée, réfléchie, voulue, approuvée pour qu’on détourne une somme colossale, plus de 400 millions d’euros ».
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François Bayrou a réaffirmé sa « certitude » que l’arbitrage contesté n’avait pu « se réaliser sans qu’il y ait approbation ou même inspiration par le sommet de l’Etat en France. » D’après l’ex-ministre de l’Education nationale, « il n’y a personne en France connaissant l’Etat qui puisse soutenir que ça n’a pas été approuvé au plus haut de sommet de l’Etat, sans que le président de la République lui-même ait donné son approbation, son feu vert ».
« A la justice de le dire »
Valérie Pécresse, ex-ministre UMP du Budget, pense toujours que le choix d’une procédure d’arbitrage se justifiait dans l’affaire Tapie-Adidas. « Les accusations qui sont portées contre le juge Estoup sont très graves », a observé la députée sur France 2, en allusion à la mise en examen la veille de l’ancien haut magistrat Pierre Estoup, un des trois juges-arbitres, pour « escroquerie en bande organisée ».
Elle dit attendre de la justice « toute la vérité ». « Je crois sincèrement que l’idée de l’arbitrage se justifiait. D’ailleurs Christine Lagarde en a convaincu les juges de la Cour de Justice de la République », a-t-elle observé, à propos de la directrice générale du FMI et ex-ministre de l’Economie, placée sous le statut de témoin assisté dans cette affaire.
L’idée, a argumenté Valérie Pécresse, « se justifiait par l’idée de mettre fin à un contentieux entre Tapie et le Crédit lyonnais qui durait depuis des années avec des jugements rendus dans tous les sens. On sait bien que dans cette affaire, le Crédit lyonnais avait abusé Bernard Tapie. Ca maintenant, on le sait ». « On sait que Bernard Tapie avait droit à une indemnité », a-t-elle poursuivi. « Le problème c’est la fixation de cette indemnité. A la justice de le dire », selon l’élue des Yvelines.
De son côté, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a déclaré : « Ce sujet est extrêmement grave et nous attendons autre chose que du spectacle », « nous voulons que la vérité puisse être dite clairement ». Comme on lui demandait si, à Matignon (2002-2005), il avait été sollicité en vue d’un arbitrage de ce dossier qui remonte au début des années 90, Jean-Pierre Raffarin a répondu par la négative : « Je n’ai pas été sollicité ». « J’entendais, je lisais qu’il y avait en effet beaucoup de gens qui proposaient une issue, puisqu’on voyait que les procédures judiciaires seraient très très longues. L’idée de l’arbitrage est toujours présente quand on voit qu’on peut gagner du temps et que les deux parties sont d’accord ».

A propos kozett

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