Affaire Tapie – Surprise, Pierre Estoup et de Me Maurice Lantourne apparaissent au détour d’un vieux litige en Charente ?

 Sud-Ouest  01/06/2013 Par Daniel Bozec
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Affaire Tapie : l’avocat et le juge arbitre étaient à l’œuvre en Charente
Surprise, Pierre Estoup et de Me Maurice Lantourne apparaissent au détour d’un vieux litige entre une propriétaire de terres agricoles et son fermier, expulsé en 2000, à Gurat ?

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La ferme du Connétable, à Gurat. (Photo céline levain)
Un bout de campagne charentaise. À cheval entre Gurat et Villebois-Lavalette, ces 37 hectares de terres composent le décor d’un litige entre une propriétaire et son fermier, expulsé de la ferme du Connétable en 2000. C’était, devant les objectifs et les caméras, le paroxysme d’une interminable bataille judiciaire qui a donné lieu à 106 décisions, entre le tribunal des baux ruraux d’Angoulême, les cours d’appel et de cassation
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Une procédure fleuve au détour de laquelle apparaissent les noms de Pierre Estoup, le juge arbitre mis en examen pour « escroquerie en bande organisée » dans l’affaire Tapie, et Me Maurice Lantourne, l’avocat de Bernard Tapie.

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 Reconnaissons à Pierre Estoup, ex-président de la cour d’appel de Versailles, son investissement constant dans un dossier digne de Clochemerle. Au sein de son cabinet parisien d’arbitrage, il a pour assistante Juliette Salicio, sœur du fermier charentais.
Prenant fait et cause pour les Salicio, il multiplie les coups de fil, demande au président du tribunal de grande instance d’Angoulême de provoquer une réunion dans son bureau entre les différentes parties, va jusqu’à produire en 2001 une attestation pour une affaire de silos de maïs promis au démantèlement et plaidera lui-même devant la cour d’appel de Bordeaux dans une autre ramification de la procédure.
Estoup présent à l’audience
Une audience dont se souvient encore Me Jean-Michel Camus, alors avocat angoumoisin de Catherine Lambert, la propriétaire des terres : « Il arrive, donne son nom, il plaide, il plaide, les juges disent ‘‘ça suffit !’’, lui continue, et, fait incroyable, un juge rentre dans une colère noire, il commence à hurler, tandis qu’un autre juge quitte la salle d’audience ! Il les a fait sortir de leurs gonds, c’était surréaliste. C’est moi qui leur ai dit qui il était… Les bras leur en sont tombés. »
« Je lui ai demandé des conseils, il est venu nous soutenir », répond simplement Juliette Salicio, jointe hier à son domicile de Saint-Nom-la-Bretèche, dans les Yvelines. Une retraitée de 69 ans prompte à louer les vertus de « monsieur Estoup ». « On ne peut rencontrer un homme plus intègre. Des grandes victimes, on en a vu passer au cabinet. » Ne pas y voir un simple souvenir d’employée reconnaissante : Juliette Salicio fait bien partie de « l’entourage » du juge arbitre, consent-elle à dire. Elle l’a même rencontré depuis mercredi : « Je l’ai vu, j’ai soutenu sa femme et sa fille. »
« Bien après l’arbitrage »
Un autre nom interpelle dans les méandres de la procédure de Gurat. En janvier 2009, Me Maurice Lantourne, avocat de Bernard Tapie, défend Juliette Salicio devant la cour d’appel de Bordeaux.
Un petit tour et puis s’en va, soit neuf pages de conclusions transmises à la cour, le temps de solliciter un renvoi. Me Lantourne qui défend une amie de Pierre Estoup : faut-il y voir un rapport de cause à effet ?
L’intéressée le réfute : « À un moment donné, j’ai pris la décision toute seule, bien après l’arbitrage [de l’affaire Tapie, rendu en juillet 2008]. J’ai pris contact avec lui parce que je connaissais son père, de Montargis. Il m’a dit ‘‘ écoutez, c’est une affaire très difficile, je vais m’en occuper au nom de mon père.” »
Et Juliette Salicio de souffler : « Monsieur Estoup, sur le moment, n’était pas trop content… » Pourquoi donc ? « Cette affaire [d’arbitrage] venait de se terminer […], ce sont des hommes qui se connaissaient, mon patron et lui. »
Aussitôt, elle s’émeut de donner prise à d’éventuelles suspicions : « On n’a plus le droit de bouger une oreille ? On n’a plus le droit de se défendre ? » Et revient à l’expulsion de Gurat : « On nous a bafoués, et, moi, j’ai toujours remué ciel et terre ! »

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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