Actu Animaux le 07/06/2013
On ne présente plus Deanna Martin, Présidente d’Appa Equidés. Elle a sauvé un grand nombre de chevaux mais aussi de chiens et d’animaux de ferme. Elle a réhabilité des chevaux martyrs avec savoir-faire, amour et patience, les réconciliant avec les humains, leur assurant par ses soins physiques et psychologiques une longue et belle retraite.
C’est elle qui la première nous a mis en garde sur la multiplication des urgences abattoir dont la plupart étaient « bidon », qui nous a fait entrevoir que ce que l’on pouvait penser être le plus beau cadeau fait à cheval avait toutes les chances d’aggraver sa condition et de n’assurer en rien sa retraite, que les protecteurs d’animaux étaient bien candides et bien peu soupçonneux, ce que les marchands avaient compris depuis longtemps.
Elle apporte son témoignage aujourd’hui, versant une pièce au dossier, nous décrivant avec émotion quelques cas poignants de ces chevaux sans avenir qui ont vraiment échappé à l’abattoir : un terrible et émouvant inventaire !
L’abus des sauvetages de chevaux de la boucherie
Sur Actuanimaux, un article du CHEM dénonce les abus des sauvetages boucherie de certaines associations de protection des chevaux. J’y adhère en très grande partie ! Ceci pour plusieurs raisons qui s’ajoutent donc à ce qui a été dit dans cet article.
A commencer par le fait que ces rachats sont le plus souvent effectués auprès de naisseurs ou de marchands (mot pudique pour « maquignons »).
Des chevaux qui n’ont jamais risqué la boucherie
Et certes les « marchands » envoient beaucoup d’équidés à l’abattoir, mais certes pas tous, car les jeunes, les gentils, les montables ou ceux qui ont de beaux « papiers » de lignée, ils préfèrent les vendre à des particuliers, c’est bien plus rentable.
Ce que j’ai vu plusieurs fois cependant, ce dont des assos qui vont chez ces maquignons photographier les chevaux et les publier avec le prix pour les « sauver ». En règle générale le prix dans ce cas est plus élevé que le prix boucherie…
Quand les associations favorisent l’activité des marchands
Pas plus loin que dans ma région ce fut le cas. Le marchand concerné est un grand maltraitant… Il se vantait de ne plus avoir à perdre du temps ni à dépenser pour aller sur les foires et marchés et de pouvoir ainsi fourguer tous ses chevaux à meilleur prix, et faire des économies de surcroit !
Je pose donc la question du Candide pour ce cas : « Est-il moral de faire gagner de l’argent à un maltraitant ??? De plus, sur ce système là, où vont les chevaux ? Qui les achète ? Quel suivi ? Aucun ! Où est la notion de protection ?
La question des chevaux de l’étranger
Autre question : acheter des chevaux à l’étranger ?
Je suis bien placée pour savoir le nombre inouï de chevaux en détresse en France ou devenus indésirables et qui finissent mal… Pourquoi au lieu de regarder midi à sa porte, où des équidés souffrent en silence, on va en chercher, en acheter ailleurs ?
Le sauvetage des chevaux martyrs
Sur mon secteur et parmi nos sauvetages, beaucoup de véritables martyrs…Curieusement nous fûmes seuls à assumer. Genre le cheval qui ne se lève plus, une épave qu’il faudra relever à grand-peine et ensuite veiller nuit et jour pour qu’il passe la barre de la survie…
Il est vrai que ceux-là sont très coûteux ! En finances, en travail, en présence, et ce, pour des mois et des mois parfois.
Si je joignais à ce texte toutes les photos de nos grands martyrs, outre le nombre, croyez-bien que beaucoup sont difficiles à regarder.
Quels critères pour ces sauvetages ?
Ce que je vais dire maintenant n’engage que moi mais je le propose à votre réflexion : sur quelle notion se prononce le mot « sauvetage » au sens plein de ce terme ? On ne peut pas sauver tous les chevaux (hélas !) alors vers lesquels se tourner pour rester dans de vrais critères de « protection » ?
En ce qui me concerne et puisqu’il faut hélas « choisir », la réponse est simple, claire et morale à mes yeux : vers ceux qui souffrent au long cours, de privations ou maltraitances, car pour eux la mort sera lente, voire interminable dans la douleur physique et psychologique.
Là, je « rachète » un passé affreux, pour offrir une nouvelle vie, douce et bienveillante, une régénération physique et mentale. Le bonheur de n’avoir plus peur, plus faim, plus soif…
Les seuls vrais » rachats boucherie » : celui de chevaux âgés, usés, maltraités, non « recyclables »
Cependant, nous avons aussi fait des rachats « boucherie » de grands maltraités. Mais là encore en privilégiant la notion de maltraitance. Sur les « foires aux chevaux » que d’épaves de réforme !!
La jument poulinière de 24 ans
Comme la jument de trait de 24 ans, ayant pondu 20 poulains, une outre vide, la peau sur les os, la tête basse, le poil rare et terne, résignée et inerte…Comme elle fut « étonnée » de nos bons soins et câlins ! Elle ne connaissait pas !
La ponette qui tombait en marchant
Ou la pauvre ponette, même parcours de reproduction, qu’il a fallu au début « suspendre » avec une ventrière car elle tombait en marchant…Celle-là, messieurs-dames, celle-là, quand on portait le seau de ration, avant de manger elle nous faisait d’abord un « bisou » avec son nez sur notre joue…
Le cheval de corrida squelettique
Ou ce cheval de corrida, seul dans un coin de champ sans abri, il n’était plus « opérationnel ». Un squelette, une haridelle… Plus d’un an pour qu’il reprenne un état acceptable ! Il a vécu chez nous jusqu’à plus de 30 ans, ragaillardi, s’étant découvert une « personnalité », un petit cheval fascinant.
La ponette de cirque infirme
La ponette de cirque, jambe cassée par une ruade, non soignée, gravement infirme mais se débrouillant quand même avec courage après des mois de formation d’une soudure non correcte, celle- là aussi le méritait. Elle coule des jours heureux chez des gens adorables, elle peut « oublier » les horreurs du cirque…
Le pur-sang de course réformé, plus montable, plus recyclable, épuisé, tombant lui aussi en marchant.
Le pur-sang de course exploité un maximum, puis négligé (pas rentable…) au point de ressembler lui aussi à une haridelle (il tombait en marchant !) Ah ! La bonne récompense pour avoir rapporté de l’argent et couru jusqu’à se couvrir d’écume pour « obéir »…
Les mulets espagnols terrorisés
Ou ces deux mulets espagnols, sur une foire chez nous, qui travaillaient au débardage, et furent accidentés, l’un une hanche cassée, l’autre un pied cassé. Terrorisés (vu comme on les avait toujours traités) secs, maigres, inquiets, les yeux exorbités, descendus du camion à grands coups et grands cris…Chez nous, nos premières approches les terrorisaient aussi, ils s’attendaient toujours à être cognés. Il a fallu vraiment beaucoup de temps pour qu’ils nous fassent à peu près confiance.
Reste que la majorité de nos multiples sauvetages furent cependant les très maltraités ou martyrs (voire par saisie judiciaire parfois) car ils sont pour nous la priorité et il y en a à foison en France !
Voilà le genre de sauvetage, y compris avec rachat éventuel, que je trouve moral et, enfonçons le clou : avec un suivi et des nouvelles publiées sur le site asso, sur le net etc…
Mais certes ! S’occuper de sauver ceux-là c’est beaucoup de temps, d’huile de coude, de souci, de stress et la plupart ne seront pas adoptés donc coûteront vraiment fort cher à entretenir jusqu’au bout…
kozett
Frédéric Baylot
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Résistance Inventerre 