La décentralisation promise par Hollande enterrée par le Sénat

Le Canard Enchaîné – 12 juin 2013 – J.M. TH.

Elle ne flotte plus, elle coule ! La réforme de la décentralisation promise par François Hollande est sortie essorée d’une première lecture, la semaine dernière au Sénat. Pour clarifier les compétences, réduire les échelons, diminuer les coûts, éviter les doublons entre les communes, les départements et les Régions, le gouvernement proposait aux élus de négocier un « pacte de gouvernance territorial« . Les sénateurs l’ont piétiné.

Ainsi, les Conférences territoriales de l’action publique, qui devaient mettre un peu de coordination dans les projets, ne rendront plus que de simples avis. Le gouvernement a, en revanche, généreusement rendu aux collectivités locales la « clause générale de compétence » qui leur permet d’intervenir dans tous les domaines. Elle avait été supprimée par Sarkozy en 2010. Résultat : communes, départements et Régions vont pouvoir continuer de se marcher sur les pieds et de dépenser comme bon leur semble.

Dans la foulée, les élus du Palais du Luxembourg ont donné leur feu vert à la création des « métropoles », ce qui ajoute un échelon administratif supplémentaires. le projet gouvernemental en comptait 11; ils en ont gardé sept et ont rejeté la création d’une métropole parisienne, qui devait favoriser une politique de logement plus coordonnée en Ile-de-France. Pas question pour l’UMP et les communistes d’obliger les élus à se regrouper et à abandonner leurs prérogatives.

Les sénateurs socialistes n’ont pas été les derniers à faire la leçon au gouvernement. Jean-Pierre Sueur, le président de la commission des Lois, s’en est donné à cœur joie : « Mais enfin, mesdames les Ministres, d’où cela peut-il sortir ? » a-t-il résumé avec tact auprès des deux ministres femmes présentes. Les sénateurs ne sont sortis ni de leurs réflexes machistes ni de leurs petits intérêts électoraux.

Leurs collègues de l’Assemblée nationale, qui se pencheront sur le texte en juillet, se montreront-ils plus indulgents envers la réforme, pourtant à minima, du président ?

Lire aussi : Un régime fiscal très avantageux pour les élus  (…où l’on apprend aussi que la France compte la plus importante concentration d’élus de la planète.)

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Jamais de remise en cause du train de vie ruineux et des  avantages votés par les élus pour eux-mêmes, en cette période de vaches maigres pour les français. En fait le clivage droite / gauche cultivé par les politiques de tous bord et fidèlement asséné par les grands médias, n’est rien à côté du gouffre qui sépare les politiques et boursicoteurs des citoyens. Deux mondes au fonctionnement bien distinct : un qui, depuis les palais parisiens, vote lois et « austérité sociale » que vont « démocratiquement » supporter les autres… pour le moment…