Il est facile de critiquer la valorisation excessive de la figure de l’artiste et du créateur, par Freud, Keynes et plusieurs autres. Elle se retrouve pourtant aujourd’hui dans la saga du logiciel libre. Les programmateurs de logiciels libres se sont révoltés contre les droits de propriété imposés par les fournisseurs de logiciels fermés, comme Microsoft, qui les bridaient dans le plaisir de la recherche.
Bien entendu, cette élite de programmateurs était fort bien payée, mais son activité « artistique » se trouvait limitée par les monopoles de la propriété intellectuelle. L’essor du logiciel libre, adopté finalement par les grandes administrations publiques ou privées, montre que l’activité libre, coopérative, en réseau, fondée sur la gratuité et le plaisir de créer, est plus efficace que la vieille exploitation des cerveaux. Le modèle du programmateur de logiciel libre est simplement l’artiste ou le chercheur, dont la motivation essentielle n’est jamais l’argent.
Pour notre propos, l’émergence d’une économie de la connaissance se substituant à l’économie matérielle est une piste à ne pas négliger : si l’abondance de la connaissance peut se substituer à la rareté des biens, on peut rêver d’une société d’artistes, ou de moines copistes de bibles, contemplative, séraphique et heureuse, mais cependant active dans la coopération et l’invention.
Ainsi le mur de la rareté serait franchi, et avec lui disparaîtrait la violence mimétique.
Gilles Dostaler & Bernard Maris – Capitalisme et pulsion de mort – Albin Michel – 2009
Pour notre propos, l’émergence d’une économie de la connaissance se substituant à l’économie matérielle est une piste à ne pas négliger : si l’abondance de la connaissance peut se substituer à la rareté des biens, on peut rêver d’une société d’artistes, ou de moines copistes de bibles, contemplative, séraphique et heureuse, mais cependant active dans la coopération et l’invention.
Ainsi le mur de la rareté serait franchi, et avec lui disparaîtrait la violence mimétique.
Gilles Dostaler & Bernard Maris – Capitalisme et pulsion de mort – Albin Michel – 2009