Voici vingt ans, Léo Ferré tirait sa révérence : Le monde sort un hors-série pour cet anniversaire.

Le Monde | 04.07.2013 | Par Yann Plougastel

alemonde léo Ferré

Léo Ferré, le révolté solitaire

Léo Ferré, l’enragé
« Une vie, une oeuvre », hors-série « Le Monde ». 122 pages, 7,90 €
Léo Ferré nous a quittés voilà vingt ans. Exactement, le 14 juillet 1993. Mourir un jour de fête nationale fut l’ultime pied de nez de cet anarchiste qui enjoignait à ses auditeurs de ne pas aller voter
Avec lui, c’est une bonne part de la chanson française, qui, après Brassens et Brel, tirait sa révérence. Que pèse un refrain ou une mélodie face à la marche du monde ? Sans doute pas grand-chose. Il n’empêche que ce diable d’homme, avec ses cheveux blancs en bataille et ses mots qui tiraient à bout portant sur la bêtise médiocre de notre quotidien, avait réussi à écrire quelques-unes des plus belles pages sonores du XXe siècle.
Ainsi s’en vont les poètes qui ont eu simplement le tort d’avoir raison avant les bonnes âmes qui façonnent l’opinion. Disons le tout net. Oui, Ferré était un damné. De ces damnés de la terre qui s’échinent à en appeler à la révolte permanente pour que les caciques du consensus prennent un aller simple vers un enfer pavé de bonnes intentions. Amour. Anarchie. Autour de ces deux mots, Ferré a construit un monde qui aurait la mémoire de la mer et le corps extra d’une fille dansant sur un vieux slow des Moody Blues
Hommage
Le temps a passé. Mais les souvenirs sont restés. D’un homme debout. Révolté. Enragé. En colère. Amant des jolis mômes du boulevard Sébastopol. Immense provocateur qui habillait de rouge et noir ses phrases et déshabillait d’un couplet les femmes de sa vie. Elles furent trois. Odette, qui disparut en Suède sans un mot.
Madeleine, qui sombra dans un tourment sans fin. Et Marie-Christine, la fille de réfugiés espagnols, la mère de ses trois enfants, qui installa l’espoir et l’apaisement au coeur des vingt-cinq dernières années de sa vie.
aléo ferré en ToscaneLes confidences de cette femme-là, qui n’a jamais refait sa vie, sont rares. Là-bas, au creux du vallon qui abrite la maison de Toscane où elle vit toujours, entre les oliviers et les vignes, elle nous a raconté pendant plusieurs heures cet homme qui fut son mari. Et beaucoup d’autres choses.
Vingt ans après, Marie-Christine Diaz rend hommage avec une immense pudeur à Léo Ferré dans ce hors-série « Une vie, une oeuvre », en vente en kiosques à partir du jeudi 4 juillet. A lire aussi dans ce numéro un portrait du « révolté solitaire », des morceaux choisis de son oeuvre, des textes de personnalités lui rendant hommage (Louis Aragon, Bernard Lavilliers, Pascal Boniface…), un portfolio le montrant en « bête de scène ».

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Léo Ferré, l’enragé
« Une vie, une oeuvre », hors-série « Le Monde ».
122 pages, 7,90 €
Yann Plougastel

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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