C’est à voir, par Renaud Machart – La surprise du Tour de France : L’happening d’Arielle Dombasle

renaud MachartLE MONDE | 11.07.2013

 » Tour de panse « 

Le cyclisme à la télévision m’ennuie encore plus que le footballet c’est peu dire. Je peux comprendre l’extraordinaire défi que représente, pour un athlète, ce marathon ou, pour un sportif du dimanche, le plaisir de rouler à vive allure dans l’air frais des routes de campagne. Mais, vue à la télévision, la chose me ferait largement préférer regarder un documentaire fleuve sur la reproduction des écrevisses.
Le Tour de France a toujours représenté à mes yeux l’acmé de la « beauferie » : ces atmosphères de Club Mickey, de pliants en plastique, de tongs qui font « floc floc », de touristes en short, marcel et chaussettes noires, de pique-niques au bord de la nationale arrosés de « pâte à crêpe » (un bras de pastis avec un doigt d’eau)...
Et ce maillot jaune, jamais à la bonne taille, et ces pépées locales qu’on fait poser en potiches aux côtés du vainqueur… Je ne vous fais pas un dessin. Et je n’insiste pas, de peur qu’on prenne le fils d’instituteurs communistes que je suis pour un contempteur de la France dite d’en bas.
Je suis justement tombé, mercredi 10 juillet, à l’heure du déjeuner, sur le départ du Tour de France, à Avranches (Manche), que transmettait France 3 avec une bonne vieille animation dans le style camping des Flots bleus. J’aurais immédiatement zappé si je n’avais pas cru avoir la berlue : derrière un stand de charcuteries locales se trouvait Arielle Dombasle, venue dire, avec ce ton et cette diction inimitables, qu’elle semble avoir directement appris auprès de Sarah Bernhardt, que le cochon, c’est décidément « mâ-ervâ-eilleux ».

arielle dombasle tour de france 2013

aarielle-dombasleLe plus piquant dans cette affaire est que cette promotrice de salaisons d’un jour a souvent répété que, pour garder ce teint diaphane (Théophile Gautier aurait dit d’elle qu’elle est une « symphonie en blanc majeur »), elle ne consommait que des amandes et du thé vert… Du coup, on dépêcha un goûteur censé se substituer au fragile palais de la dame et éviter à sa taille de guêpe de prendre le moindre embonpoint. Et tout cela dans le plus parfait naturel « Marie-Chantal », et devant des badauds médusés.
Ce happening avec Melle Dombasle en charcutière m’a fait penser à ce personnage du Café de la plage (1977-1980) – l’enchanteuse bande dessinée « intello » de Régis Franc -, qui se marie avec qui elle croit être le directeur d’un hôtel au bord de la mer et se retrouve bientôt derrière la buvette d’un minable estaminet de plage.

aarielle dombasle pt

Sauf qu’Arielle Dombasle, et c’est là tout son génie, saurait donner le change : sublime nue au Crazy Horse Saloon ou en maillot de bain chez Eric Rohmer, elle le serait tout autant en blouse de Tergal rose, filmée par André Téchiné dans le rôle à contre-emploi d’une charcutière de province (mariée à Michel Blanc en charcutier), tombée là par hasard, mais pas de la dernière pluie.
 Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans chronique, Débats Idées Points de vue, Vélo, est tagué , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.