Ostréiculture bassin d’Arcachon : mortalité surprise.

Sud-Ouest 25/07/2013
Huîtres : une mortalité inédite et inquiétante
Depuis plus de trois semaines, les ostréiculteurs subissent des pertes de 50 à 80 % sur leurs lots d’huîtres marchandes.

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Dans chaque poche, une forte proportion de coquilles (huîtres mortes). (Photo L. B.)
«Alors, ça crève ? » L’ostréiculteur est un adepte du style direct. Surtout lorsque, posé sur son chaland au cœur de ses huîtres, au milieu du Bassin, il apostrophe un collègue. « Ça crève », confirme le confrère, sans s’étendre sur les proportions du désastre. La lassitude gagne les parcs, touchés par un nouveau fléau que les hommes ne maîtrisent pas.
Depuis bientôt un mois, les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon constatent un inquiétant taux de mortalité chez les huîtres marchandes, c’est-à-dire celles destinées à la vente immédiate. « C’est la partie dégustation qui sauve la boîte », lâche Denis Bellocq, « le moral dans les pompes ». Pour une structure de la taille de celle de Bellocq au Cap-Ferret, le préjudice est déjà important : « Je ne suis pas en mesure d’assurer certaines grosses commandes du fait de cette situation inédite. » Les autres années, le taux de mortalité de l’huître marchande n’excédait jamais 10 % et tournait généralement entre 4 et 5 %. Cette fois, c’est un tout autre scénario qui assombrit le destin ostréicole.
« Nous atteignons des taux de mortalité qui varient entre 50 et 80 % sur l’huître marchande. Si encore nous avions été en surproduction, cela aurait pu contribuer à réguler le marché, mais c’est tout le contraire. Avec les difficultés rencontrées ces dernières années, on court après l’huître », explique Olivier Laban (président du Comité régional de la conchyliculture). Christophe Maleyran, ostréiculteur basé à Petit-Piquey (commune de Lège-Cap-Ferret), est inquiet. « On ne coupera pas à une situation de pénurie, c’est certain ! Je restreins déjà quelques-uns de mes clients, car je tape dans mes stocks de fin d’été. »
Victimes de la météo ?
Touchés depuis quelques années par d’importantes pertes de naissain, les ostréiculteurs arcachonnais sont dévastés par cette mortalité surprise. Elle se révèle économiquement encore plus handicapante. Quand la mortalité du naissain affecte un an de travail, celle de l’huître marchande balaie trois années d’ostréiculture, de l’élevage à l’affinage. Le préjudice, en termes de coût de production, est trois fois plus important.
Nul ne sait pour l’instant expliquer le phénomène. La plupart des hypothèses s’appuient sur des analyses météorologiques. Première des deux explications avancées : les fortes pluies du printemps ont fait plonger le taux de salinité des eaux du Bassin, « le plus faible taux constaté depuis onze ans », selon Olivier Laban. Or, l’huître a besoin de sel pour se développer.
Deuxième hypothèse étudiée, l’arrivée brutale de l’été. « En trois semaines, la température de l’eau est passée de 18 à 26 degrés. L’huître est un être fragile, surtout à cette période où elle s’apprête à pondre », cherche à comprendre le président régional de l’huître.
Un président qui « tire la sonnette d’alarme, demande au préfet que les Affaires maritimes fassent un constat sur parcs et s’apprête à saisir le ministère ». Invité à imaginer les conséquences sur le prix de l’huître puisque la pénurie guette, Olivier Laban refuse toute spéculation à la hausse : « Le prix de l’huître a déjà subi une hausse importante. De toute façon, on ne pourra pas compenser les pertes subies… »
Un phénomène général ?
Cette nouvelle crise toucherait, dans des proportions similaires, un grand nombre de sites ostréicoles français. « Même en Irlande, ils sont atteints », relate l’ostréiculteur Denis Bellocq. Si des sites 100 % marins (nullement alimentés par de l’eau douce) étaient touchés, l’hypothèse relative au taux de salinité des eaux du Bassin serait à revoir.
Inquiet mais se voulant rassurant, Olivier Laban rappelle que l’huître vivante demeure consommable et appréciée. « Il n’y a aucun doute là-dessus. L’huître est la denrée la plus contrôlée par les autorités sanitaires. »

A propos kozett

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