La corruption mène à tout à condition d’en sortir : Pierre Bédier, redevenu conseiller général en est la preuve !

Le Canard Enchaîné – 7 août 2013 – Anne-Sophie Mercier
Pierre Bédier, , ex-secrétaire d’état, ancien maire UMP de Mantes-la-Jolie, est redevenu conseiller général après avoir été condamné pour corruption et recel de biens sociaux !
On ne pourra pas lui reprocher de ne pas dire les choses. A peine réélu, le 7 juillet dernier, conseiller général des Yvelines, Pierre Bédier, très épanoui devant les caméras de télévision, lançait : « Je n’ai jamais quitté cette ville à laquelle des liens singuliers m’unissent. » Quoi de plus vrai, de plus juste que cet aveu ? Non, Bédier, chiraquien de choc, ex-secrétaire d’État aux programmes immobiliers de la Justice, condamné en 2008 pour corruption passive et recel d’abus de bien sociaux à 6 ans inéligibilité, n’a jamais quitté Mantes-la-Jolie, dont il fut maire, et c’est en marionnettiste surdoué qu’il a installé des pantins à sa place en attendant son inéluctable retour.
pierre-bedier-condamne-game-over-retour-tonto-L-2Au temps du clan des chiraquiens …
Contraint de quitter le conseil général des Yvelines et sa présidence, Pierre Bédier pousse immédiatement un ami fidèle, Michel Vialay, pour contrer les appétits de Christine Boutin, qui aurait bien mis la patte sur ce riche département solidement ancré à droite. Le bras de fer tourne à la bérézina pour la madone du Parti Chrétien-démocrate, et c’est l’obscur Vialay qui devient conseiller général/ Il chauffe, évidemment la place pour le patron, qui conserve un bureau au conseil général et fait profil bas quelques années. Enfin, presque.
Sur son blog, Bédier tient à faire régulièrement savoir à ses lecteurs ce qu’il a enduré : son faux retrait de la vie politique ressemble – mais oui- aux longues années de détention de Mandela. Tant de larmes, d’années perdues, tout ça pour de ridicules enveloppes de biftons qui se baladaient, la justice à de ces aveuglements… Comme le dit Henri Guaino, qui, lui non plus, ne voit pas où est le propblème : « Il a le droit au pardon qu’on accorde bien à tous les voyous de la terr. » Ce n’est pas faux, mais les voyous ont souvent droit à un petit détour par la case prison, tandis que Bédier n’a eu que du sursis.
Peu avant que la Cour de cassation confirme sa condamnation, en 2009, Bédier a également organisé sa succession à l’Assemblée. Pour éviter que son départ forcé ne donne lieu à une élection partielle que la droite aurait vraisemblablement perdue, il s’est fait nommer pour une mission de six mois, pirouette légale qui permit légalement à son suppléant de devenir député sans organiser d’élection. Et encore une place gardée au chaud ! Quand on vous dit que c’est un métier.
Le jour où Bédier l’a décidé, Vialay a démissionné. Et, comme sa suppléante était Madame Bédier, Pascale de son petit nom, eh bien ça n’a pas posé de problème. Beau boulot ! Sa campagne a été des plus discrètes, les médias étant systématiquement tenus à l’écart. Et ils ont répondu présent, les Copé, Larcher, Guaino Copé et Bédier, vielle histoire, celle des de jeunes loups qui ont remporté, en 1995, l’un Meaux, l’autre Mantes-la-Jolie, ces deux communes de banlieue où la droite avait beaucoup à faire après que la gauche eut tout gangrené avec sa démagogie, ses concessions au communautarisme et sa fumeuse politique de la ville…
_th1_Dessin_coloriage_joueur_de_pipeauLe 7 juillet 2013 au soir, Bédier, bronzé, le blazer négligemment jeté sur l’épaule, souriait, L’abstension de plus de 70%, il s’en moque bien Il parle intérêt général et « générations futures ». Il a aussi, même si c’est moins important, des projets personnels : après être revenu au conseil général, en redevenir le président. Alain Schmitz, qui occupe le poste, pourrait lui céder la place et devenir sénateur, grâce au départ de sénatrice la titulaire actuelle, Marie-Annick Duchêne, à qui on essaie de faire comprendre qu’à 73 ans, il est temps d’aller faire des confitures. Mais Mme Duchêne n’est pas de ce bois là. Va falloir lui tordre le bras. Copé sait faire.
Bédier doit aussi une fière chandelle à la majorité en place. Les députés, socialistes en tête, ont enterré sans états d’âme, le 19 juin, une disposition du projet de loi sur la transparence de la vie politique qui interdisait tout mandat public à un élu convaincu de corruption. C’est ce qui s’appelle dégager la route.

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L’important, c’est que le conseiller général réélu ne distribue pas d’enveloppes pour remercier !

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