Paradis fiscaux: où les riches cachent leur argent

Voyages – 31/08/13

Bercy a mis à jour sa liste noire des paradis fiscaux… Certains de ceux-ci ont de magnifiques paysages, mais beaucoup de visiteurs s’y rendent pour d’autres raisons. Ils apprécient la douceur du climat fiscal! Découvrez ici les îles et les villes qui forment cet itinéraire du tourisme financier.

Les eaux turquoise des Grenadines

Pas d’impôts ou presque, le secret bancaire, des facilités d’installation d’entreprises et d’ouverture de compte: c’est ce qui attire les plus riches dans les paradis fiscaux. Et pour ne rien gâcher, ces zones grises de la finance sont souvent des endroits paradisiaques, des îles bercées par des eaux turquoise! C’est le cas de l’archipel Saint-Vincent et les Grenadines, dans la mer des Caraïbes.

Aux Bahamas, l’île aux trésors, avec James Bond!

S’il est un territoire qui sourit aux fortunés, c’est bien les Bahamas, archipel aux 1000 bancs de corail à l’est de la Floride. Ici, point d’impôt sur le revenu, sur les plus-values ou sur le capital. Le pays, où l’acteur Sean Connery a élu domicile, vient toutefois d’être retiré de la liste grise des paradis fiscaux de l’OCDE car il a signé des accords d’échanges d’informations fiscales.

Montserrat, ses volcans et sa fiscalité douce

L’île de Montserrat, voisine de la Guadeloupe, figure, elle, toujours sur la liste grise de l’OCDE. Cette liste actualisée en mars 2010 rassemble les pays et territoires ayant promis de se plier aux standards internationaux mais n’ayant pas encore suffisamment mis ces engagements en pratique. Territoire britannique d’outre-mer, Montserrat est notamment célèbre pour son volcan, la Soufrière.

Anguilla, havre de Robert de Niro

Eau limpide et sable fin: c’est aussi le décor d’Anguilla, autre territoire britannique des Antilles. La toute petite île caribéenne figure sur la liste des paradis fiscaux dressée par le gouvernement français et divulguée par les médias en février. Ici, les touristes s’appellent Robin Williams ou Robert de Niro… et les impôts sur le revenu, la fortune et les successions n’existent pas!

Les sociétés offshore de Saint-Christophe et Nièves

Les Caraïbes: une aubaine pour capitaux en mal d’évasion. Voisin d’Anguilla, Saint-Christophe et Nièves n’échappe pas à la tentation. Plus connu sous le nom de « Saint-Kitts and Nevis », cet Etat de 261 km2 pour 53.000 habitants domicilie 34.000 entreprises offshore! (selon le ministère des Affaires étrangères). Touristiquement parlant, l’archipel vous comblera si vous aimez les paysages préservés.

La Dominique, son lac bouillonnant et sa fiscalité

Autre île sur la liste française des paradis fiscaux: la Dominique. Entre la Guadeloupe et la Martinique, les touristes apprécient l’architecture coloniale de sa capitale Roseau (photo), ainsi que son Boiling Lake, lac de cratère bouillonnant auquel vous accèderez après deux ou trois heures de marche. Quant aux entreprises, elles plébiscitent la Dominique pour sa fiscalité attractive.

Jeunes mariés et grandes fortunes à Sainte-Lucie

Juste en dessous de la Martinique, Sainte-Lucie est une terre volcanique dont raffolent les amateurs de nature autant que les grandes fortunes et les entreprises. Cette ancienne colonie française puis britannique, désormais indépendante, est notamment prisée par les jeunes mariés en lune de miel qui viennent goûter aux spécialités créoles ainsi qu’à la mémorable joie de vivre des habitants.

Les îles Caïmans, paradis des fonds spéculatifs

Autre nom qui rime avec évasion fiscale: les îles Caïman, entre Cuba et la Jamaïque. Ce petit territoire britannique d’outre-mer, 5ème place financière mondiale, est le paradis des « hedge funds », ces fonds spéculatifs accusés d’avoir nourri la crise des subprimes. L’archipel est aussi réputé pour ses « Blowholes », jets d’eau formés par la mer s’engouffrant sous les rochers.

Le Belize attire les entreprises comme les plongeurs

Non loin de là, le Belize, petit Etat d’Amérique centrale voisin du Guatemala, s’est surtout développé comme paradis fiscal pour les entreprises à partir des années 1990. Les sociétés internationales offshore peuvent s’y installer sans être taxées. Les amateurs de plongée qui visitent ce trou noir de l’économie mondiale se pressent quant à eux vers le « Grand trou bleu » à 80 kilomètres des côtes.

Les multinationales du Panama

De nombreuses multinationales se sont installées au Panama pour gérer leurs ventes sur le continent latino-américain dans les meilleures conditions fiscales! Si ce n’est pas la fiscalité mais les attractions touristiques qui vous amènent dans le pays, ne manquez pas de visiter le fameux canal. Profitez aussi de la capitale, qui porte aussi le nom de Panama (photo), ou des paisibles îles San Blas.

A Niue, le secret fiscal le mieux gardé du monde

Quels sont les deux territoires les plus opaques du monde? Niue et Nauru, selon LesEchos.fr. Ils comptent parmi les rares à n’avoir signé aucune des fameuses conventions bilatérales d’échange d’informations fiscales sur lesquelles se base l’OCDE pour ses listes. Nous voilà donc dans les eaux troubles du Pacifique! Niue (photo), rattachée à la Nouvelle-Zélande, est une île de 260 km2 pour 1500 habitants.

Nauru, des mines à la haute finance

A 2000 kilomètres de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Nauru est l’un des plus petits Etats du monde (21km2). Passé en quelques décennies de la richesse à la faillite avec l’épuisement des gisements de phosphate, l’île s’est convertie aux banques offshore pour tenter de se redresser. Défigurée par l’exploitation minière, cette plaque tournante de l’argent sale montre aujourd’hui un visage lunaire.

A l’ombre des cocotiers des îles Marshall

L’archipel des îles Marshall est constitué d’environ 1200 îles étendues sur 1,3 million de km2 entre la Papouasie et Hawaï. Foison de récifs coralliens, poissons multicolores, sable blanc, cocotiers: ce pays connu pour avoir été le théâtre d’essais nucléaires américains a un potentiel touristique encore peu exploité, mais joue depuis des années la carte de la fiscalité zéro pour les entreprises…

Pas d’impôt sur le revenu à Vanuatu, dans le Pacifique

Pas d’impôt sur le revenu, de taxe sur les plus-values, de droits de succession: au large du Nord-Est de l’Australie, Vanuatu a aussi de quoi attirer les plus riches, même s’il s’est engagé à accroître la transparence de son système et à lutter contre l’argent sale. Les atouts touristiques de cet État insulaire en forme de « Y »: climat tropical, mer quasi toujours chaude, forêt vierge préservée…

Les îles Cook aussi !

Comme leur voisine Niue, les îles Cook sont un territoire autonome associé à la Nouvelle-Zélande. C’est un immense archipel, puisqu’avec ses 15 îles, il s’étend sur 2,2 millions de km2, plus de quatre fois la France métropolitaine. Et devinez la suite: le paradis touristique – soleil, atolls, plages, grottes, trésors aquatiques, etc. – s’est encore une fois ici mué en paradis fiscal !

Le Liberia, paradis des pavillons de complaisance

Le Liberia, représenté sur la photo par le splendide lac Bleu, encore appelé lac Bomi, est le seul Etat d’Afrique sur la liste française des paradis fiscaux. Ce pays de l’Ouest du continent, encore marqué par la longue guerre civile qu’il a subie, est surtout connu pour être un pavillon de complaisance. Depuis que la stabilité est revenue, nombre de fortunes ont en outre trouvé refuge fiscal ici.

Le sultanat de Brunei, sur l’île de Bornéo

Les territoires asiatiques ne sont pas nombreux sur la liste française des paradis fiscaux: il n’y a que les Philippines et le sultanat de Brunei (photo). Dans cette enclave située sur l’île de Bornéo, les touristes venant de Malaisie ou d’Indonésie s’arrêtent pour admirer la célèbre mosquée Omar Ali Saifuddin, qui compte parmi les plus belles du monde.

Le Delaware, aux États-Unis, premier paradis fiscal ?

Les listes officielles de paradis fiscaux sont très critiquées. La poignée de minuscules Etats y figurant ne sont certainement pas les seuls destinataires de l’évasion fiscale, estime le « Réseau pour la justice fiscale », qui a dressé sa propre liste. En tête du secret financier selon lui: un État américain, le Delaware (suivi du Luxembourg, de la Suisse, des Caïmans, et de la City de Londres).

Le Luxembourg et son secret bancaire

Deuxième pays dans le collimateur du « Réseau pour la justice fiscale »: le Luxembourg. Si celui-ci n’est pas sur la liste française et qu’il a été blanchi par l’OCDE…, il attire toujours les plus riches comme un aimant, non par les charmes de sa vieille ville (photo), mais grâce à son secret bancaire – également pratiqué en Suisse, exil favori des peoples français – et à sa fiscalité réduite.

Bientôt davantage d’impôts à Andorre ?

C’est dans un cadre de toute beauté, dans les montagnes pyrénéennes, que de grandes fortunes reposent à Andorre! La principauté ne lève pour l’instant ni impôt sur le revenu ni TVA, mais des projets de créer de telles taxes sont sur le tapis, notamment suite aux pressions exercées par Paris. Pas de quoi faire fuir les exilés fiscaux: les taux devraient rester attractifs, respectivement 10% et 4%

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Le Point – 29/08/13 – source Reuters

De son côté, la France a ajouté l’île anglo-normande de Jersey, les Bermudes et les îles Vierges britanniques à sa liste des paradis fiscaux, dont elle a retiré dans le même temps les Philippines. Ces entrées et sortie figurent dans l’actualisation annuelle, pour 2013, de la liste publiée au Journal officiel du 28 août par le ministère de l’Économie et des Finances.

Dix entités figurent désormais sur cette liste de pays jugés opaques et non coopératifs qui sont soumis à des sanctions fiscales sous forme de taxes sur tous les flux entrants et sortants. Outre Jersey, les Bermudes et les îles Vierges britanniques y figurent le Botswana, Brunei, le Guatemala, les îles Marshall, Montserrat, Nauru et l’île de Niue.

La liste devrait s’allonger

La liste française devrait s’allonger dans les années qui viennent, le projet de loi sur la fraude fiscale présenté fin juin intégrant un durcissement des critères d’évaluation de la coopération fiscale avec les États étrangers. Ce projet de loi, dont l’examen doit reprendre en septembre, prévoit de sanctionner à compter de 2016 tous les pays, dont la Suisse et l’Autriche pour le moment, qui ne pratiquent pas l’échange automatique de données fiscales, notamment sur les ouvertures de compte ou les avoirs détenus par des ressortissants étrangers.

Sans oublier cependant nos chers voisins des principautés de Monaco, du Liechtenstein, de San Marin…