Au Sénégal, une femme à la tête du gouvernement : Aminata Touré face à un mur de défis

Sous la pression, Macky Sall a opté pour un « traitement de cheval », observe Sud Quotidien.

Prenant de court ses concitoyens, le président sénégalais a démis de ses fonctions le premier ministre Abdoul Mbaye, un ex-banquier de soixante ans qu’il avait nommé en avril 2012, au lendemain de sa victoire face à Abdoulaye Wade.

 Un limogeage qui permet au chef de l’Etat de faire « coup triple » : « envoyer un signal fort » à des Sénégalais désabusés, écarter un collaborateur dans la mire de la justice – notamment sur le dossier Hissène Habré, l’ex-dictateur tchadien dont il a été l’argentier – et calmer l’ire des membres de l’Alliance pour la République, son parti, furieux de voir un technocrate « leur griller la politesse ».

 Désormais, les espoirs présidentiels reposent sur Aminata Touré, l’ex-ministre de la justice devenue, en quelques heures, la deuxième femme chef de gouvernement dans l’histoire du « pays de la Téranga ». Pour cette personnalité à poigne, à la réputation de « justicière », il s’agit avant tout d’« accélérer la cadence des performances », souligne Le Soleil.

Mais la tâche s’annonce ardue, car la feuille de route dressée par le peuple est longue, précise le quotidien. Coût élevé de la vie, coupures d’électricité récurrentes, créations d’emploi insuffisantes : les motifs de récrimination sont nombreux.

 Faisant le panégyrique de la « Dame de fer », dont il loue « la rigueur, l’opiniâtreté et la transparence », Sud Quotidien veut croire que la « démarche volontaire » qu’elle a affichée jusqu’ici continuera de porter ses fruits. « Mimi Touré », comme la surnomment les Sénégalais, voguera-t-elle sur des eaux moins houleuses que son devancier ? Le Pays l’espère et conclut, avec lyrisme : « Elle a maintenant le devoir de bien empoigner le gouvernail et de pousser le bateau Sénégal plus loin, sur le chemin de l’espérance et du développement. »

Le Monde 04 septembre 2013