Epandages aériens de pesticides : la très dicrète « consultation publique » du ministère de l’Agriculture

Le Canard Enchaîné du 4 septembre 2013 – Professeur Canardeau
Quoi ?? Vous n’avez pas donné votre avis sur les épandages aériens de pesticides ?  Le ministère de l’Agriculture a pourtant organisé une belle consultation publique, cet été : il suffisait, entre le 1er et le 22 août, d’aller sur le site du ministère et de donner son avis sur le projet d’arrêté que viennent de mitonner ses services. Consultation bidon qui a bien fait rire dans les campagnes, du moins ceux qui étaient au courant…
epandage_aerien-3L’épandage consiste à sulfater, d’un avion ou d’un hélico des cochonneries bien chimiques (insecticides, fongicides, voire désherbants) sur les vignes (en Champagne et dans le Languedoc), le maïs (notamment en Aquitaine), le riz (en Camargue) et les bananes (aux Antilles). Cette pratique a beau être interdite depuis 2009 par une directive européenne, et ce pour éviter « des effets néfastes importants sur la santé humaine et l’environnement, à cause notamment de la dérive des produits pulvérisés« , un arrêté du 31 mai 2011 permet à nos agriculteurs de décrocher des dérogations, du moment que les végétaux atteignent une certaine hauteur ou que le terrain est trop accidenté. Rien que l’année dernière, quelque 800 opérations d’épandage ont été autorisées. Principalement en outre-mer, notamment sur les bananes de Guadeloupe. Pas mal, non ?
Heureusement, en septembre 2012, lors de la fameuse conférence environnementale, le gouvernement avait promis-juré la fin imminente de cette méthode de traitement… « Le problème, c’est que les programmes de recherche sur les solutions alternatives n’ont pas encore abouti« , argue un porte-parole du ministère de l’Agriculture. D’où ce projet d’arrêté qui prévoit de rendre un peu plus présentable le processus de dérogations…
« Ça va continuer de plus belle, râle Jean Sabench, responsable de la commission pesticides à la Confédération paysanne. Prévoir une distance de sécurité de seulement 50 mètres par rapport aux habitations et aux captages d’eau, par exemple, c’est totalement inacceptable. » Il faut dire que les dérogations relèvent du grand n’importe epandage-aux-trousses-sance_hrquoi Exemple : France Nature Environnement et le Syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées ont récemment collé la préfecture de Haute-Garonne au tribunal administratif avec un recours en excès de pouvoir, du fait que les épandages y durent toute l’année. En parallèle, ils attendent la réponse du proc de Toulouse après une plainte déposée contre les épandeurs pour 11 infractions relevées concernant une opération d’épandage menée en 2012 : « Nous avons été prévenus 24 heures à l’avance, à la place des 48 heures minimum légales. Ils ont traité du maïs en fleur, ce qui est interdit. Des maisons se trouvaient à moins de 50 mètres, les routes n’étaient pas fermées, et il y avait des gens qui s’y trouvaient… » détaille Olivier Fernandez, président du Syndicat des Apiculteurs.
Mais pas d’inquiétude… La « consultation publique », dont les résultats devraient tomber courant octobre, va déboucher sur un nouvel arrêté qui, on le parie, permettra de très vertueux épandages aériens…

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