Sud-Ouest 07/09/2013 Par Florence Moreau
Les vélos volés attendent leurs propriétaires sur internet
A Bordeaux, la police a ouvert un site Internet où sont présentés les photographies d’objets saisis lors d’enquêtes. Les photos de 73 vélos volés sont ainsi en ligne
VIDEOS – La police a ouvert un site Internet où sont présentés les photographies d’objets saisis lors d’enquêtes. Deux vélos ont déjà été restitués depuis une semaine
Pierrick est ravi. Il a retrouvé son vélo. Un peu plus abîmé que lorsqu’on le lui a volé dans sa résidence en avril dernier mais c’est bien le sien. Il est reparti avec, hier après-midi, du commissariat central de Bordeaux Mériadeck qui venait de le lui restituer. « Un coup de chance », résume-t-il.
Pas seulement. Depuis le 2 septembre, la direction départementale de la sécurité publique de la Gironde a ouvert un site (1) sur lequel sont présentées les photographies d’objets et notamment de vélos volés récupérés en flagrant délit ou lors d’investigations et perquisitions. C’est ce site que Pierrick a consulté « au cas où ».
Plus de 10 000 visites
« Il n’a échappé à personne que Bordeaux est une ville plate, très pratique pour circuler à vélo », détaille l’adjoint au directeur départemental de la sécurité publique, le commissaire divisionnaire Jean-Paul Faivre, qui déplore cependant de nombreux vols de deux roues.
En 2011 et 2012, il y a eu en moyenne 1 800 plaintes pour des vols de vélos sur l’agglomération bordelaise. C’est sans compter le chiffre noir des vols non déclarés, les victimes étant persuadées qu’on ne retrouvera jamais leur bien qui ne sera pas remboursé. Le fait d’avoir porté plainte n’est cependant pas une condition pour utiliser le site
Ouvert depuis lundi, le site a reçu plus de 10 000 visites. Les photos d’une vingtaine d’objets – médaillons, gourmettes, etc. – et de 73 vélos sont déjà en ligne. On peut les consulter en affinant sa recherche par modèle de vélo, par marque…
Deux vélos restitués
Laurie dont le vélo a été volé début juin à Bordeaux est confiante. Informée par sudouest.fr de la mise en place de ce site, elle est allée voir « à tout hasard ». « J’ai fait défiler les photos et j’ai vu le mien. » Elle roulait avec depuis deux ans et demi et le connaît par cœur. Le garde-boue arrière tordu, le panier qui n’était pas d’origine, les poignées noircies, un bout de plastique accroché au guidon : autant de détails qu’elle a pu communiquer aux policiers en les appelant hier.
Comme elle, rien qu’en deux jours, croyant reconnaître leur fidèle destrier à deux roues, 24 personnes ont appelé le commissariat, 21 ont envoyé un mail et neuf se sont rendues directement à l’hôtel de police. Deux vélos, dont celui de Pierrick, ont été restitués et des recoupements sont en cours sur trois bicyclettes réclamées.
« Nous sommes quand même policiers », rappelle dans un sourire, l’adjoint au directeur départemental de la sécurité publique, le commissaire divisionnaire Jean-Paul Faivre. Il présentait hier cette idée bordelaise relayée techniquement par un service parisien composé de gendarmes et policiers.
« Nous croyons en la bonne foi des gens mais nous avons besoin d’éléments pour partager leur conviction que le vélo est bien à eux ». Une facture comme celle que Pierrick avait gardée, un numéro comme celui que Laurie a fait graver sur son nouveau vélo, une photo du deux-roues, des éléments personnels…
350 à 400 vélos transitent ainsi chaque année par l’hôtel de police de Bordeaux, sachant que les commissariats de Pessac, Mérignac, Cenon ou Arcachon ont leur propre stock. La plus grande partie fait l’objet de dons à des associations caritatives ou est détruite. Avant, les bicyclettes et autres VTT étaient empilés. Ils sont désormais bien rangés, portent un numéro, ont été pris en photo. « Notre souci n’est pas de déstocker mais bien de restituer », fait valoir Jean-Paul Faivre.
En octobre 2012, une opération portes ouvertes au commissariat central avait été l’occasion d’exposer 120 vélos dont une centaine saisie en même temps dans un squat du quartier de Bacalan. Près de la moitié avait retrouvé leur légitime propriétaire. Là aussi, au-delà du coût pour son propriétaire, il y avait la dimension utile du vélo et une indéniable valeur sentimentale.
(1) http://www.velos-objets-decouverts-33.fr