Sauver l’Ump ; mais pour quoi faire ?

Metamag.fr – 09/09/2013 – Raoul Fougax

Nicolas Sarkozy a exprimé sur Twitter sa gratitude envers les militants Ump qui ont permis par leurs dons de rembourser la dette de 11 millions d’euros contractée  par le parti suite à l’invalidation de ses comptes de campagne lors de la présidentielle de 2012. « Que chacun d’entre vous sache combien je suis reconnaissant de cette mobilisation qui m’a autant surpris qu’ému… Merci à vous tous. »                    Voila une réaction plus surprenante qu’émouvante. Ainsi l’ancien président est surpris de la mobilisation des militants, il n’est certes pas le seul. Mais lui ne devrait pas l’être. Il n’est certes pas question d’ironiser. Mais tout de même cette mobilisation pour sauver un  parti responsable de la plupart de ses difficultés et pas seulement financières peut interloquer.

«Cette fois c’est fait, nous avons atteint les 11 millions d’euros nécessaires». Jean-François Copé, président de l’Ump, a annoncé dimanche au Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais) devant l’assemblée du campus des Jeunes Populaires, le succès de la grande souscription nationale lancée après l’annulation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Lundi dernier déjà, la trésorière du parti, Catherine Vautrin, avait déjà annoncé un chiffre de 10,9 millions d’euros récoltés, indiquant que la souscription avait également permis à l’Ump d’enregistrer 45 000 nouveaux adhérents. Voila donc l’Ump sauvée. Le parti socialiste n’en est peut-être pas si mécontent que ça. Pour Marine Le Pen bien sûr c’est l’UMPS qui va pouvoir continuer dans une complicité d’un tandem  dont chaque élément a besoin de l’autre, pour verrouiller le système. Le parti de la droite parlementaire va pouvoir à nouveau en tout cas se livrer aux délices du duel Copé- Fillon. Cela n’a d’ailleurs pas tardé. Dès les 11 millions récupérés, Jean-François Copé s’est immédiatement démarqué de Fillon sur la Syrie. Finalement donc, en y réfléchissant bien, Copé ne serait pas totalement opposé à l’approbation de frappes ciblées. C’est un  soutien à la démarche Hollande en contradiction avec la prise de position quelques heures plus tôt de François Fillon.

L’éblouissante gestion du parti UMP (Le Canard Enchaîné du 11/09/13)

Menacée de faillite au début de l’été, l’UMP se retrouve désormais avec une trésorerie bien garnie. Les banquiers ayant accepté, en juillet, de rééchelonner le prêt de 10,57 millions consenti pour la présidentielle, cette situation plus florissante devrait durer quelques mois. Mais c’est un trompe-l’œil. En réalité, l’UMP doit faire face à la fois à une dette abyssale de 55 millions et à une chute drastique de ses recettes, qui l’ont obligé à licencier de nombreux permanents et à supprimer le champagne et les petits-fours, naguère si abondants à son siège parisien.                  En raison de la défaite électorale de 2012, les aides publiques (calculées sur le nombre de députés) ont baissé de 33 à 19 millions d’euros par an. Et le parti ne dispose d’aucune réserve : plutôt que de mettre des sous de côté en prévision des années difficiles, ses dirigeants ont préféré jouer les cigales et flamber quand Sarkozy était au pouvoir.                              Et dire que l’UMP adore donner des leçons de gestion à ses adversaires…