Vers une suppression de l’enquête préalable à l’ouverture d’une porcherie industrielle

Le Canard Enchaîné du 11 septembre 2013 – B.R.
Le Premier ministre Ayrault pourrait bien recevoir un accueil presque cordial, le 12 septembre à Rennes, lors de sa visite au Space, un salon spécialisé dans les productions agricoles . Car il n’arrivera pas les mains vides. En guise de cadeau, le gouvernement s’apprête à réaliser un vieux rêve des éleveurs de porcs : le suppression de l’enquête publique, procédure préalable à l’ouverture d’une porcherie industrielle pour toutes les exploitations qui engraissent moins de 2 000 cochons.
Jusqu’à présent, au-delà de 450 bêtes, cette procédure était obligatoire. Soit entre 15 000 et 20 000 euros à la charge de l’éleveur pour une enquête qui pouvait durer un an Et qui, en plus, était risquée : une opposition des riverains pas fanas des effluves de lisier, et tout le projet pouvait capoter.
Piggy_bank_chinaC’est donc une calinothérapie de choc pour cette corporation. avec l’envol du prix des céréales (80% du coût de chaque bestiau), qui a fait augmenter le prix de revient, les éleveurs avaient le moral dan les bottes. Sans parler de la concurrence de nos cousins teutons; 8 euros de l’heure de salaire outre-Rhin, contre 20 en Bretagne, où ces élevages représentent la moitié de la production agricole de la région. Des exploitations plus grandes, c’est l’assurance de faire des économies d’échelle.
Hollande a reçu, en juillet, le président de la FNSEA, venu lui conter les malheurs de la profession. Il luia  annoncé la bonne nouvelle et, pour preuve de sa bonne foi, lui a remis une lettre cosignée, le 22 juillet, par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, et son nouveau collègue à l’Écologie, Philippe Martin, qui donne consigne à administration de mettre le turbo sur cette mesure tant attendue.
Mais, bizarrement, la discrétion est de mise : « Le gouvernement n’ayant pas encore défini de communication sur ce point, je vous invite à garder ce document pour vous », écrivait l’inspectrice en chef de la Santé publique vétérinaire du ministère de l’Écologie dans un courriel adressé, le 25 juillet, à tous les responsables départementaux du développement durable, comme si elle avait en main une patate chaude.
aaaaa-anne-methaneCar, bien entendu, il y a un loup, et il est vert ! Sous le couvert d’une banale simplification administrative, accusent les écologistes, le gouvernement diminue les « contraintes environnementales », la bête noire des agriculteurs. Entre la pollution des eaux liée aux nitrates, avec ses dégâts collatéraux, parfois mortels, comme les algues vertes, ceux-ci risquent de hurler comme un cochon qu’on égorge. Duflot et Canfin compris ?

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