Lampedusa : Un déshonneur pour l’Europe.

Le Monde 07/10/2013

Face au défi migratoire, la désunion européenne

Comment résister aux sirènes faussement attrayantes de cette « indifférence » mondialisée que le pape François a vilipendée sans détour en juillet ?

La question se pose avec une troublante acuité depuis le naufrage, la semaine dernière, d’une embarcation de migrants principalement originaires de la Corne de l’Afrique (Somalie, Erythrée), au large de Lampedusa (au moins 194 morts).

 Un énième drame humain qui a plongé la petite île méditerranéenne, située entre la Sicile et la Tunisie, dans le deuil et le désarroi. Ces dernières années, elle est devenue le principal point de débarquement des clandestins et autres réfugiés désireux de rejoindre à tout prix « l’eldorado européen ».

. Les raisons de ce périlleux exil sont, peu ou prou, toujours les mêmes, explique le Los Angeles Times : la volonté de fuir la guerre, la misère ou la répression pour une vie meilleure, plus confortable financièrement. Face à cette inexorable fuite en avant, le Vieux Continent est à hue et à dia, tiraillé entre réflexe de fermeté et tentation d’humanisme, soulignent la BBC et la Deutsche Welle, arguant que le problème tient prioritairement à l’absence de politique commune sur les questions migratoires.

Pour le Guardian, l’Europe ne doit pas se contenter de témoigner de la « compassion » aux réfugiés ; elle doit surtout promouvoir une approche moins « répressive ». Le Temps abonde dans ce sens, dénonçant une « Europe claquemurée », qui, à ces « destinées chavirées », « n’a jamais rien opposé d’autre que les réflexions brouillonnes de sa classe politique, l’égoïsme de ses Etats et l’insensibilité de son opinion publique ».

Et de conclure, en battant sa coulpe : « Chaque vie qui se fracasse aux portes du continent est pour partie la rançon de nos négligences. Un déshonneur pour l’Europe. »