Roms : Bouc émissaire : la chasse aux pauvres

Nouvel Obs Plus 06-10-2013 Par Danielle Simonnet Conseillère de Paris PG

Derrière les expulsions, la chasse aux pauvres et la contamination brune

adanielle_simonnet_petit-f9f20-6a231 LE PLUS. Alors que des députés appellent Bruxelles à faciliter l’intégration des Roms, les ministres français se font recadrer pour leurs propos controversés sur le sujet. Bourdes ou propos assumés ?
Pour Danielle Simonnet, conseillère de Paris et secrétaire nationale du Parti de gauche, les Roms servent surtout de bouc émissaire pour masquer une politique d’austérité qui ne cesse de s’aggraver.

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Un camp de Roms où vivent sept familles à Saint-Ouen, le 25 septembre 2013 (V.WARTNER/SIPA)
Jusqu’où iront les dérapages encourageant le racisme anti Roms ? Anne Hidalgo elle aussi s’y adonne en déclarant que « Paris ne doit pas devenir un campement géant de Roms« , comme réponse à NKM qui déclarait que « les Roms harcèlent les parisiens« . À droite comme au PS, cette escalade de petites phrases installe progressivement l’idée qu’il y a un problème Roms en France.
 Changeons le terme « Roms », par celui de « juifs » ou d’ »arabes » et chaque personne attachée à l’universalité des droits devrait prendre conscience de la gravité de la vague brune et de son irresponsabilité à s’y baigner.
 Ces expulsions sont les mêmes que sous Sarkozy 
 Comment un ministre de la République, qui plus-est se disant « de gauche », peut-il déclarer que « les Roms ne veulent pas s’intégrer« . Ces déclarations défigurent tout autant la République que celles d’hier de Sarkozy et de Guéant, qui soulevaient pourtant à juste titre l’indignation de toute la gauche. Il n’y a aucune différence entre les expulsions-destructions de bidonvilles de Roms d’aujourd’hui et celles d’hier.
 Cette course à la lâcheté du meilleur chasseur de pauvre, du moins laxiste dans la poursuite de l’indigent, ne saurait masquer l’incurie de ces tenants de la soi-disant seule politique possible, l’austérité à tous les étages, surtout ceux du bas !
Ramenons les choses à leur réalité : les Roms sont moins de 20.000 aujourd’hui en France, autant dire un nombre plus que marginal, moins de 0,0017% de la population française ! Comme tous les citoyens européens, ils ont le droit de circuler librement dans l’Union européenne mais les mesures transitoires à leur encontre non levées les excluent du monde du travail et de l’accès aux droits communs. Donnons-leur le droit de travailler, d’accéder à un logement, de scolariser leurs enfants et la question est réglée.
 Mais visiblement, les expulsions à la chaîne des bidonvilles ont une autre fonction politique. Celle de détourner l’attention des politiques d’austérité, qui précisément aggravent la précarité du plus grand nombre. Le gouvernement rampe devant le Medef via la loi Ani, s’agenouille devant les injonctions de Bruxelles en engageant une nouvelle casse des retraites, s’aplatit devant les spéculateurs de l’immobilier par la loi Alur-Duflot au lieu d’engager la baisse des loyers…Mais il reste fort contre les miséreux !
  La chasse aux pauvres se poursuit
Que les 18.000 mal logés prioritaires Dalo l’entendent, que les 14% de Français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté se tiennent à carreau. La chasse aux pauvres se poursuit. Après les Roms, leur tour viendra. Les retraités biffins qui revendent à la sauvette les objets chinés dans les poubelles en jouant à cache-cache avec la police le savent déjà. Et il faudrait que le grand nombre cède à la belle guerre de tous contre tous. Au lieu d’engager le bras de fer contre la finance, ils se jettent sur le bouc émissaire. Au lieu d’engager la redistribution des richesses, ils ethnicisent la question sociale !
 Le pari de ces aventuriers pour les municipales est assez limpide. Les pauvres ne voteront pas. La politique antisociale ne passe pas dans l’électorat de gauche. Jouons alors de la peur du déclassement social quitte à surfer sur le racisme. Et si à l’arrivée cela fait monter le FN, la belle affaire. Le vote utile à la fin s’imposera malgré les trahisons commises…
 N’est-il pas temps enfin de s’y opposer ? La démission sociale entraîne la démission républicaine. Démontrons qu’une alternative à gauche contre les politiques d’austérité est possible et urgente, nos fondamentaux républicains sont en jeu.
Édité par Rozenn Le Carboulec  Auteur parrainé par François Sionneau

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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