La France toujours en 2e division démocratique mondiale

Backchich infos – 4 octobre 2013 – parWoodward et Newton
La démocratie a régressé dans 15 des 17 états membres de l’Eurogroupe depuis 2008. Serait-ce explication à la poursuite de la crise ?
L’Economist Intelligence Unit, (EIU) une des nombreuses composantes du groupe de presse anglais The Economist, s’est taillée une réputation enviable pour ses rapports économiques mensuels par pays, ses prévisions quinquennales, ses monographies de groupes industriels et autres études des marchés un peu difficiles à cerner.
Mais l’EIU tient également les comptes dans une spécialité nettement moins connue du grand public, à savoir, l’Indice de Démocratie.
C’est en 2006, à l’occasion du 60ème anniversaire de la boutique, que ses chercheurs ont calculé pour la première fois, histoire de se changer les idées, le niveau de pratique démocratique dans 167 pays de la planète, (166 étaient des états souverains dont 165 membres des Nations Unies) en concentrant leur examen sur 60 variables réparties dans 5 grandes catégories : celles relatives au processus électoral en vigueur et au degré de pluralisme, aux libertés civiles, au fonctionnement de l’exécutif, à la participation et à la culture politiques.
Bien entendu, comme tout est dans tout, les catégories en question sont interdépendantes. Les libertés d’expression, d’association, d’exercice sans restriction d’un culte quelconque, le droit à un procès juste et équitable ne sont pas forcément corrélés avec l’organisation à fréquence régulière d’élections libres et non truquées. N’empêche qu’on les retrouve dans toutes les démocraties authentiques.
11% de la population mondiale en démocratie
Chaque variable prend donc une note variant de 0 à 10 et la compilation de l’ensemble des notes sur l’ensemble des variables étudiées permet à nos amis anglais de l’EIU, de répartir les pays en fonction de l’Indice ainsi obtenu, dans 4 catégories de régimes politiques : les démocraties, les démocraties imparfaites, les hybrides et les régimes autoritaires sous lesquels, on l’aura compris, mieux vaut ne pas être opposant reconnu…
Comme on a d’autres chats à fouetter à l’Economist, l’Indice de Démocratie n’a été calculé ensuite qu’en 2008, 2010 et 2011. Cette année là, les résultats obtenus par les statisticiens de l’EIU concluaient à l’existence de :
25 démocraties (Indice compris entre 8 et 10) soit, 15% des pays étudiés représentant 11,3% de la population mondiale
53 démocraties imparfaites (Indice compris entre 6 et 8 – 31,7% des pays) regroupant 37,1% de la population mondiale ; 
37 régimes hybrides (Indice compris entre 4 et 6) constituant 22,2% des pays et 14% de la population mondiale ; 
fermaient la marche, 52 régimes autoritaires (Indice inférieur à 4) et donc 31,1% des pays étudiés, maltraitant 37,6% de la population mondiale.
cochon-assembleeLa cuvée 2011 a évidemment eu son lot de coups de théâtre : le Portugal, l’Italie et la France rétrogradées  au rang de démocratie imparfaite et la Russie rejoignant ceux des régimes autoritaires en raison des troubles survenus lors des élections législatives et de l’annonce de Poutine de se présenter à l’élection présidentielle de 2012. 
France et Zambie, même combat
Les effets du « Printemps arabe » se sont également faits sentir du côté du regain d’énergie démocratique, Tunisie, Mauritanie, Egypte et Niger intégrant le club des régimes hybrides et la Zambie, celui des démocraties incomplètes. France et Zambie même combat donc…
La question qu’on aurait aimé poser aux chercheurs de l’EIU porte bien sûr sur l’impact de la crise économico-financière née fin 2007 début 2008, sur la vitalité démocratique de ceux qui en ont ressenti les effets les plus prégnants. 
Personne ne se risquerait en effet à prétendre aujourd’hui que la montée en puissance de la « troïka » honnie FMI-BCE-Commission Européenne, s’arrogeant un droit de regard aussi exorbitant qu’inacceptable sur les finances de la Grèce et d’autres états européens moins comateux, se soit embarrassée de contraintes démocratiques. On en voit le résultat.
De 2008 à 2011 donc, l’Indice de démocratie des grandes zones géopolitiques du monde s’est très nettement dégradé : de –0,21 pour l’Europe de l’Ouest, de –0,17 pour l’Europe centrale et orientale, de –0,08 pour l’Amérique latine et la Caraïbe, de –0,07 pour l’Asie et l’Océanie et même de-0,05 pour l’Amérique du Nord où la situation des États-Unis démocratiquement affaiblis par les conséquences institutionnelles de l’obsession sécuritaire, ne cessent d’inquiéter. 
L’amélioration du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord d’une part (l’indice passe de 3,54 à 3,62) et de l’Afrique subsaharienne d’autre part (l’indice passe de 4,28 à 4,32) pourraient presque passer pour anecdotique et sans rapport avec l’ampleur des mouvements sociaux tels qu’ils ont été restitués par les médias dominants. 
 L’Europe en panne
C’est donc l’Europe de l’Ouest et particulièrement la zone Euro qui font les frais des crispations démocratiques. Avec l’affligeant constat que les 17 Etats de l’Eurozone ne sont même pas tous des démocraties pleines et entières puisque le Portugal (7,92) la France et la Slovénie (7,88) l’Italie (7,74) la Grèce (7,65) l’Estonie (7,61) la Slovaquie (7,35) et Chypre (7,29) ne constituent aux yeux des statisticiens de The Economist, qu’un cortège de démocraties imparfaites et bien mal en point.
 Les raisons de la relégation en deuxième division démocratique de la France et de l’Italie auraient respectivement pour nom l’hyper présidentialisme du Petit Nicolas et la grippe contractée par les médias transalpins auprès d’un certain Berlusconi Silvio.
Lire: Sarko Champion de la dette
et  Berlusconi, vers la guerre civile?
En tête, la Norvège (9,80) est hors de portée à tous points de vue. Derrière, tentent dans cet ordre d’entretenir la flamme de la démocratie exemplaire, la Finlande (9,06) les Pays-Bas (8,99) le Luxembourg (8,88) l’Autriche (8,62) l’Irlande (8,56) l’Allemagne qui conserve un honorable 8,34 malgré une perte de 0,48 point au cours de la période considérée, Malte (8,28) la Belgique (8,05) et l’Espagne qui a conservé d’un cheveu (8,02) sa médaille démocratique (qu’elle a probablement perdue depuis).
La Corée du Nord conserve sans discussion sa dernière place des 167 états passés au crible de l’EIU, avec un Indice de Démocratie de 1,08.

A propos werdna01

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