C’est à voir – Renaud Machart : Rideau ( Zemmour)

LE MONDE | 15.10.2013 | Par Renaud Machart

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… « Zemmour est devenu aussi prévisible dans sa « mal-pensance » que le sont, dans leur « bien-pensance », ses cibles favorites… »
Revenons donc, ainsi que je l’annonçais hier, aux propos tenus par Eric Zemmour ce dernier week-end, au cours de son « duel » avec son confrère Nicolas Domenach dans le cadre de « Ça se dispute », sur i-Télé (disponible sur le site Internet de la chaîne).azemmour et Nauleau
L’homme n’est pas un journaliste novice mais le grand public le connaît surtout pour sa participation, de 2006 à 2011, à l’émission de Laurent Ruquier, sur France 2, « On n’est pas couché », où il put, sans entrave, et avec le soutien courageux de Ruquier – qui, chacun sait, ne partage pas ses idées -, se faire entendre de millions de téléspectateurs.
J’ai longtemps pensé que Zemmour disait crûment une part de vérité sur des sujets trop souvent traités par d’autres sur le mode de la langue de bois et de l’angélisme. Selon la formule populaire, « il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas ».
Le journaliste n’y allait certes pas avec le dos de la cuiller, mais on pouvait mettre cet excès sur le compte d’un besoin de se faire mieux entendre. Mais moins Zemmour semblait entendu, plus il en rajoutait, au point de devenir une caricature de lui-même.
A la liberté d’exprimer haut et fort une singularité d’opinion, il substitua bientôt une doctrine et une unicité de pensée appliquées à tous les sujets « clivants » : immigration, délinquance, mariage pour tous, féminisme, etc.
De sorte que Zemmour est devenu aussi prévisible dans sa « mal-pensance » que le sont, dans leur « bien-pensance », ses cibles favorites.
Aussi, je n’aurais sûrement pas dû être étonné de l’entendre, samedi soir sur i-Télé, prendre la défense du député qui s’est cru autorisé à caqueter pendant le discours d’une collègue dans l’hémicycle.
L’animatrice du débat, Léa Salamé, le lance sur le sujet du machisme à l’Assemblée nationale : « Ce mot, « macho », rétorque Zemmour, est un mot inventé par l’inventivité langagière de l’extrême gauche depuis les années 1970 et qui veut faire passer un comportement classiquement masculin pour une infamie. C’est une grande bataille sémantique : comme pour les sans-papiers, on invente des mots pour changer la réalité. »
La journaliste, visiblement interloquée, corrige en substituant le mot « sexisme » à « machisme » : « Le sexisme, insiste Zemmour, c’est encore une analogie avec le racisme, c’est le délire féministe depuis quarante ans. (…) Comment les femmes sont-elles rentrées à l’Assemblée nationale et au Sénat ? Par des lois de parité qui ont obligé les gens à les mettre sur des listes, et je ne vous dirai pas comment on les a mises là… » Mais il le dit : ce sont « les amies, les femmes, les maîtresses, etc. ».
Mes oreilles libertaires sont capables d’encaisser du lourd, mais là, mes écoutilles se sont définitivement fermées.
Renaud Machart Journaliste au Monde

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A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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