Convention de l’UMP – Droit d’inventaire : Pschitt …

Sud Ouest 18/10/2013

« Un inventaire à la sauvette » des années Sarkozy

La convention que réunissait hier le principal parti d’opposition s’est résumée à une critique en règle de l’équipe au pouvoir, épargnant ses prédécesseurs.

Le président de l’UMP joue une partition subtile, sur l’air du « Je t’aime, moi non plus », avec Nicolas Sarkozy. (Photo Christophe Morin/ip3)

Le droit d’inventaire à l’UMP, ça vaut pour les seize premiers mois de François Hollande, mais certainement pas pour les cinq ans de Nicolas Sarkozy, ni pour les dix années de la droite au pouvoir. La convention que réunissait hier le principal parti d’opposition a donc tenu toutes ses promesses… puisqu’il n’y avait rien à en attendre, sinon une critique en règle de l’équipe au pouvoir – et il y a matière – mais rien, ou si peu, sur l’action ou les manquements des prédécesseurs. Il est vrai que l’ancien président ne veut pas en entendre parler. Et l’hypothèse insistante de son retour, étayée par des sondages flatteurs ou encourageants, incite ses éventuels détracteurs à la prudence.

D’autant que, parmi ses détracteurs, figurent nombre de ceux qui furent ses ministres, et même son ancien Premier ministre. Mais ceux-là, après avoir réclamé à cor et à cri un bilan ou un inventaire des années Sarkozy, n’ont pas jugé bon de se déplacer hier.

C’est ainsi que François Fillon, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet manquaient à l’appel. De même, mais pour des raisons inverses, que les fidèles sarkozystes Brice Hortefeux, Nadine Morano ou Christian Estrosi. Seuls ont répondu présent Rachida Dati, Luc Chatel et Michèle Alliot-Marie. Pas de quoi alimenter un débat de fond.

 L’auraient-ils voulu qu’ils n’en auraient d’ailleurs pas eu le temps. En un petit après-midi, il fallait « boucler » quatre tables rondes sur des sujets aussi légers que la sécurité, l’immigration, la politique internationale et les questions économiques ou sociales. Un « inventaire à la sauvette, en trois heures », s’insurgeait Laurent Wauquiez.

Mais alors, pourquoi diable Jean-François Copé avait-il organisé une telle convention ? C’est que le président de l’UMP joue une partition subtile, sur l’air du « Je t’aime, moi non plus », avec Nicolas Sarkozy, tout en essayant de mettre ses rivaux (Fillon, Wauquiez, Bertrand…) face à leurs contradictions. « Un inventaire, pour quoi faire ? » s’interrogeait-il, faussement ingénu, le 5 juillet dernier. Trois jours plus tard, Nicolas Sarkozy – dont les comptes de campagne venaient d’être invalidés – s’invitait au bureau politique de l’UMP, trouvait le moyen de faire la leçon à ceux qu’il venait de le mettre dans la panade… et agaçait prodigieusement nombre des responsables du parti, à commencer par Jean-François Copé.

Aussi celui-ci annonçait-il en plein mois d’août, et comme en représailles contre l’ancien président, la tenue d’une convention sur l’inventaire. Une manière pour Copé de marquer à nouveau ses distances avec Sarkozy – lequel a, depuis, pris grand soin de le ménager. En butte à une offensive en règle de François Fillon, l’ancien président ne peut pas se trouver sur plusieurs fronts à la fois. Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé doivent d’ailleurs se rencontrer aujourd’hui. Gageons qu’il sera plus question de l’avenir que du passé…

Par Bruno Dive, b.dive@sudouest.fr