Souffrance au travail : La croissance, c’est l’ego. Vivez plutôt la décroissance personnelle

La Décroissance – octobre 2013 –
p_sergeMarquis« Pensouillard le hamster » est un « petit traité de décroissance personnelle » clair et amusant dont on aimerait acheter une pile pour l’offrir autour de soi. Malheureusement, si le livre est édité au Canada, il cherche encore un éditeur en France. Vous pouvez quand même le commander sur Internet. Voici un extrait de l’interview de son auteur, le médecin Serge Marquis, spécialiste du stress, de l’épuisement professionnel et de la médecine communautaire.
1052171-gfPensouillard le hamster – Editions Transcontinental
Parution Septembre 2011- 184 pages – format 15 x 18 – ISBN : 978-2-89472-391-3 –
Prix :22,95 $ version papier ou 17,95 $ version PDF
Table des matières : Introduction  : Comment se faire souffrir avec des banalités 1 Quand Pensouillard entre en scène 2 Petit traité de décroissance personnelle 3 La décroissance personnelle : marche à suivre 4 Apprendre à ne pas s’identifier 5 Les péchés capitaux (au ralenti) 6 Arrêter de se faire du cinéma 7 Du sexe, du sexe, encore du sexe ! 8 S’adonner à la méditation 9 Décroître et éloigner les mangeurs de poux 10 Utiliser ses sens pour décroître 11 Ego or not ego ? 12 Être ce qui ne vieillit jamais 13 Faire un peu de ménage dans le moment présent Conclusion : La résurrection existe.
En résumé : Il s’appelle Pensouillard. C’est un hamster. Un tout petit hamster. Il court. Dans une roulette. À l’intérieur de votre tête. Vous fait la vie dure. Vous la rend même impossible, parfois. Euh. Souvent.
Certains jours, il court plus vite que d’autres. Certaines nuits, il vous empêche carrément de dormir. « Personne ne me comprend. » « Que vont-ils penser de moi ? » « J’aurais donc dû ! » « Pourquoi elle a un chum et pas moi ? » « Pourquoi tout le monde y arrive et pas moi ? » Pauvre, pauvre petit hamster.
Derrière le tapage incessant de Pensouillard se cache votre ego — celui-là même que les guides de croissance personnelle vous apprennent à cajoler. Face aux petits bobos et aux gros tracas de la vie, il vous fait souffrir, vous leurre, vous empêche d’être libre. Comment le remettre à sa place ?
Dans un style vivant et plein d’esprit, le Dr Serge Marquis vous invite à observer les mouvements de votre ego. À vous amuser de ses pitreries. Puis, à ralentir pour trouver la paix. Étape par étape, l’auteur vous guide dans une aventure inattendue, celle de la… décroissance personnelle. Une démarche à contre-courant à la fois divertissante et libératrice. Car un petit pas de moins pour Pensouillard, c’est un grand pas de plus pour vous.
gif_anime_animaux_0676Serge Marquis : Voilà une trentaine d’années que je consacre ma vie à essayer de comprendre pourquoi les gens que j’ai devant moi souffrent autant. Je me suis intéressé plus spécifiquement à la santé au travail et encore plus spécifiquement à la santé mentale dans les organisations du monde du travail. j’y ai consacré en fait toute ma vie. Depuis environ 25 ans, je soigne des personnes qui ont craqué dans le monde du travail et qui ne sont plus capables de travailler. J’essaye de les accompagner pour qu’elles puissent travailler de nouveau. Avec le temps, en les écoutant, je me suis rendu compte de cette espèce de dynamique égoïque qui générait cette perspective de toujours croître pour produire plus, être plus, avoir plus. C’est ce qui est à la base de cette souffrance.
Cette expression m’est venue à l’esprit. La seule façon de calmer cette souffrance est en effet d’aller à l’envers de ce dont on fait la promotion dans cette société, c’est-à-dire la croissance personnelle, c’est-à-dire calmer cette dynamique égoïque, de l’apaiser pour entrer dans ce que j’appelle un autre espace mental. C’est celui de la présence, de l’interconnexion, d’interdépendance, etc. Je me suis rendu compte que cela était possible. Ce n’était pas moi qui l’avait inventé. J’étais arrivé là-dessus à  force d’écouter les gens, d’essayer de comprendre comment ils pouvaient soulager leur souffrance. Bien d’autres personnes avaient parlé de ça avant moi, mais dans un monde comme le nôtre, on ne s’intéresse que très peu à la décroissance personnelle.
Il y a des quantités phénoménales d’ouvrages là-dessus. A mon humble avis, ils conduisent à renforcer l’égo, le petit Moi, plutôt que de laisser la place à cette capacité que nous avons d’être présents et d’être inter-reliés. Dans l’encouragement à la croissance, on va renforcer l’égo, renforcer le Moi. Résultat : nous n’allons faire route que vers  avantage de souffrances. On n’entrera pas dans ce qui permettra véritablement de soulager cette souffrance-là. Voilà pourquoi je me suis intéressé à la décroissance personnelle. Charles Taylor, un philosophe Canadien à dit qu’un des plus grands problèmes de la modernité  était la montée du narcissisme. Je crois qu’il a parfaitement raison. C’est çà l’origine de la souffrance non seulement existentielle mais aussi de la souffrance collective.
Cette dynamique de la croissance se traduit par la volonté de vouloir toujours plus. La cause est la peur de l’ego de mourir. Il cherche la croissance tout le temps. la pub nous pousse à cela : « Ce parfum, cette cravate, cette voiture… c’est vous ! » L’ego achète et est alors très heureux. Voilà sur quoi se joue la publicité : le désir d’identification. Parce que l’on a un objet ou une connaissance que l’autre n’a pas, cela permet de nous distinguer. Je veux croître pour ne plus être confondu avec la masse. Je suis spécial, je suis unique, là preuve est que je ne peux être fondu dans la masse des autres. pour ne pas disparaître, il faut donc acquérir toujours plus, et dans tous les domaines.
Tant que l’on est dans cette dynamique là, c’est sans fin. De là, l’image de la roulette du hamster, car il y aura toujours quelque chose après quoi courir. Alors, à ce moment on n’est pas du tout capable de réfléchir dans le présent, conscients que nous sommes des être interdépendants et non en compétition de paraître.
Car ce que nous sommes vraiment, on l’expérimente avec la capacité en nous d’aimer, de créer, de s’émerveiller, de savourer, d’être présents… cela ne vieillit jamais. Et là nous ne sommes plus dans la dynamique égoïque. Là, nous sommes dans le sujet, vraiment. J’ai vu des gens dans les soins palliatifs à deux jours de leur mort ouvrir les bras à des personnes aimées. Cette capacité était totalement présente, vivante, à la fin de la vie. Malheureusement, cette dynamique sociale, qui pousse toujours, alimentée par l’ego, à vouloir plus, à être plus, nous empêche d’être simplement présents et dans une capacité profonde d’aimer, d’être reliés, de créer…
Si la conscience est mobilisée par l’activité mentale, elle ne pourra fonctionner par ailleurs. Nous perdons le sens du travail en relation avec la communauté et la planète. La survie de cette humanité dépend de cette capacité d’être conscients face à l’activité égoïque qui ne demande qu’à l’exploiter davantage pour cultiver on illusion d’immortalité.

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