Les Ports francs Suisses ne connaissent pas la crise…

Siné Mensuel – octobre 2013 – Harold Smith
Entre les stocks d’or, les diamants et les œuvres d’art, les Ports francs de Genève couveraient des trésors estimés à 100 milliards d’euros : Un port franc est une zone portuaire non soumise au service des douanes et dans laquelle on peut décharger, manutentionner et réexpédier des marchandises librement.
Ports_Francs_GeneveLes Ports francs pourraient faire figure de véritables musées si les biens entreposés étaient exposés au public.
Les députés français qui adorent pondre des rapports, viennent de sortir un pavé intitulé « Lutte contre les paradis fiscaux: si l’on passait de la parole aux actes« . Il est cosigné par le communiste Alain Bocquet et l’électron libre mais très à droite, Nicolas Dupont-Aignan. Les deux élus découvrent que, bien qu’elle ne soit pas un pays maritime, « la Suisse présente la particularité d’avoir le Port franc de Genève« . Belle découverte ! Les ports francs et entrepôts de Genève ont été créés en 1888. Et la Suisse ne compte pas un Port franc, mais une bonne trentaine entre Bâle, Zurich, Lausanne, Martigny et la Suisse italienne. Le premier avantage avouable de ces lieux, c’est que les produits stockés ne paient ni droits de douane ni TVA. L’autre avantage,non écrit, c’est qu’il y a peu de contrôles. Pratique pour y planquer des objets provenant de fouilles illicites ou des tableaux volés.
100_5829Les deux députés français affirment que les œuvres d’art et les biens culturels  » échappent à tout pointage » et que les arrivées et les départs ne font « l’objet d’aucub contrôle de la part d’aucune administration ». C’est un peu exagéré En mars 2012, les douaniers suisses ont mis la main sur un sarcophage romain datant du IIème siècle de  notre ère. mais comment contrôler des locaux de 140 000 m2, vastes comme vingt-deux terrains de football ? « Nos entrepôts étant occupés à 99%, un nouveau bâtiment répond à un besoin vital d’agrandissement » lâche Alain Decrausaz, directeur des Ports francs de Genève, qui va inaugurer prochainement 10 400 m2 supplémentaires. ce ne sont pas seulement des œuvres d’art que la clientèle vient dorénavant planquer, mais des liasses de billets, des lingots d’or, des diamants, parfois des montres de luxe. la très sérieuse NZZ am Sontag de Zurich évoque le chiffre de 100 milliards d’euros, rien que pour Genève.
Les raisons de cet engouement soudain pour ces bâtiments un peu lugubres, coincés près des voies ferrées? Sous la pression des États-Unis et le l’Union Européenne, la Suisse accepte de signer la convention de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sur l’entraide administrative mutuelle en matière fiscale. Demain, le fisc français pourra demander les comptes de ses ressortissants dans les banques helvétiques.
Certes, on peut faire confiance aux financiers suisses pour qu’ils répondent avec une extrême mauvaise volonté. Malgré tout, le secret bancaire n’est plus ce qu’il était. Si certains fraudeurs sont déjà partis vers d’autres cieux plus ensoleillés, aux Bahamas ou aux Seychelles, d’autres préfèrent sortir leurs avoirs en liquide des banques et louer un coffre dans un Port franc. Celui-ci n’étant pas une institution financière, il n’a pas obligation de coopérer avec les fiscs étrangers. Certains fraudeurs reconvertiraient une partie de leur fortune cachée dans des bijoux, des montres, des tapis et même dans des grands crus. Résultat : les Ports francs de Genève ont aménagé des caves climatisées et recruté des cavistes et des œnologues.

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