Education – L’UMP attise la fronde des élus contre les rythmes scolaires

Le Monde 13/11/2013 par Par Alexandre Lemarié
Ne pas laisser de répit à l’exécutif pour l’affaiblir un peu plus. Telle est la stratégie suivie par l’UMP, à quatre mois des élections municipales. Après avoir tenté de surfer sur le « ras-le-bol fiscal » et la colère des Bretons sur l’écotaxe, le principal parti d’opposition se mobilise contre la réforme des rythmes scolaires.
Jean-François Copé va réunir 400 édiles mardi 19 novembre, juste avant le discours de Jean-Marc Ayrault devant le congrès des maires

alemonde UMP

Jean-François Copé, qui ne rate pas une occasion de ferrailler contre la majorité, entend relayer la grogne des édiles de droite opposés à la mise en place de la semaine de 4 jours et demi en primaire. Avec en ligne de mire un terrain de bataille : le congrès des maires, qui se tiendra du 18 au 21 novembre à Paris. Le président de l’UMP veut acculer l’exécutif à cette occasion.
« Je suis très mobilisé pour ce rendez-vous et serai au milieu des maires, qui sont très en colère », confie-t-il au Monde. Lors du bureau politique de l’UMP, mercredi 13 novembre, la numéro 2 du parti, Michèle Tabarot, a appelé à « mobiliser les maires UMP et de droite » pour ce congrès.
Le 19 novembre, M. Copé recevra entre 400 et 500 d’entre eux pour orchestrer l’offensive avant le discours du premier ministre, Jean-Marc Ayrault, prévu dans l’après-midi. François Hollande sera, lui, absent à ce rassemblement, qui risque de cristalliser le mécontentement des élus à l’encontre du pouvoir. Jean-François Copé veut se poser comme le porte-parole des opposants à l’application du décret du ministre de l’éducation, Vincent Peillon. « Il faut un report de la réforme et laisser le libre choix aux maires », déclare-t-il, alors que toutes les communes sont censées l’avoir mise en œuvre à la rentrée 2014.
Le 26 septembre, le patron de l’UMP avait déjà exigé « officiellement » un report de la réforme qui demande aux élus d’organiser trois heures par semaine d’activités périscolaires en plus, jugeant « intenable sur le plan financier » l’application des nouveaux rythmes pour les communes. Le maire de Meaux (Seine-et-Marne) n’en démord pas. « Je n’ai pas les moyens de financer cette réforme dans ma commune, assure-t-il. Cela reviendrait à augmenter les impôts locaux, ce à quoi je me refuse au moment où le gouvernement asphyxie déjà les Français ! »
« Dans les villes, cela coûte entre 300 et 400 euros annuels par élève. Le montant dépasse les 500 euros dans les zones rurales », affirme M. Copé. Des chiffres contestés. Début octobre, l’Association des maires de France (AMF) avait évalué le coût à 150 euros annuels par enfant. Soit peu ou prou la somme que reçoivent les communes de l’Etat, avec le « fonds d’amorçage » de 250 millions d’euros instauré en 2013 et reconduit en 2014 pour faciliter la mise en place de la réforme.
M. Copé demande en outre de laisser « le libre choix » aux communes car, selon lui, cette réforme est « contraire à la Constitution : le gouvernement n’a pas le droit d’imposer une compétence nouvelle à une municipalité sans verser le financement correspondant ».
Une revendication qui a déjà été défendue au Parlement. Le député Xavier Bertrand a déposé une proposition de loi pour laisser « la liberté de choix » aux maires de mettre en place ou non la réforme. Son texte doit être débattu à l’Assemblée nationale, le 5 décembre. De leur côté, les sénateurs UMP ont déposé, le 4 novembre, une proposition de loi similaire. Le président du groupe, Jean-Claude Gaudin, qui est aussi maire de Marseille, a d’ailleurs fait savoir, mardi 12 novembre, que sa ville n’aura « pas la possibilité d’appliquer » la réforme à la rentrée 2014.
M. Gaudin est loin d’être le seul réfractaire. Le même jour, cinquante-cinq maires, essentiellement de droite, ont annoncé à leur tour qu’ils ne mettront pas en oeuvre la réforme « en l’état » en septembre 2014. Ces élus, regroupés en un collectif, s’y opposent vigoureusement. Le maire UMP d’Elancourt (Yvelines), Jean-Michel Fourgous, est à la tête de cette fronde.
« Cette réforme n’est pas financée, elle est injuste et inégalitaire », peste l’édile, qui exige « l’abrogation de la réforme » et demande à être reçu par François Hollande. M. Fourgous, qui avait lancé en octobre une pétition contre le décret Peillon, a été rejoint par d’autres communes, majoritairement en Ile-de-France, dont Courbevoie, Levallois-Perret, Massy, Saint-Maur-des-Fossés, mais aussi Cannes et Mâcon pour les plus importantes.
Valérie Pécresse, députée UMP des Yvelines et chef de file de l’opposition régionale en Ile-de-France, soutient la démarche. « Quand le maire d’une petite commune rurale ou d’une ville populaire n’aura pas les moyens de donner un encadrement périscolaire, il y aura des injustices criantes entre les communes », juge-t-elle.
Les élus opposés à la semaine de 4 jours et demi fustigent la méthode employée par le ministre de l’éducation. M. Copé le premier. « Il n’y a eu ni débat ni concertation. La réforme est passée en force par décret. Ce n’est pas une loi, autrement elle aurait été jugée anticonstitutionnelle », assure-t-il. Avant de cibler le principal intéressé : « Vincent Peillon se comporte de manière très autoritaire, en ayatollah de l’éducation nationale ! » M. Copé juge par ailleurs « scandaleux » que le ministre ait décidé de se présenter comme tête de liste à l’élection européenne de mai 2014 dans la circonscription du Sud-Est. « Il veut assurer ses arrières. C’est une honte ! Soit il démissionne, soit il n’est pas candidat. »
De son côté, le ministre tente de tenir bon, au moment où les grèves et les rassemblements se multiplient. « J’assume les efforts que je demande à chacun, car il s’agit pour le pays de mieux s’occuper de ses enfants », a-t-il déclaré dans un entretien au Monde.
Pas sûr que ce soit le souci principal de l’opposition, décidée à jouer la stratégie du pourrissement au moment où la pression ne cesse de s’accroître sur le chef de l’Etat
Alexandre Lemarié  Journaliste en charge du suivi de l’UMP

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Débats Idées Points de vue, Education, Politique, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.