Japon-Chine – Les îles de la discorde : Une rivalité qui pourrait prendre une tournure grave

Nouvel Obs  01-12-2013  Par Jean-Marcel Bouguereau éditorialiste

 Tensions entre le Japon et la Chine : une montée des nationalismes inquiétante

 LE PLUS. Le ton montre entre chinois et japonais. Pékin a décidé d’imposer un contrôle aérien sur une grande partie de la mer de Chine orientale, dont les îles Senkaku revendiquées par Tokyo. Le Japon a immédiatement réagi en envoyant un avion dans cette zone de tension. Une rivalité qui pourrait prendre une tournure grave, estime notre éditorialiste Jean-Marcel Bouguereau.

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Selon que vous êtes japonais ou chinois, vous les appelez Senkaku ou Diaoyu. C’est un archipel de huit îles que se disputent la Chine et le Japon depuis 40 ans. Elles sont inhabitées et leur superficie est seulement de 7km².
 Si la Guerre froide que se livrent les deux puissances rivales menace de se transformer en vraie guerre, ce n’est évidemment pas pour les gisements de gaz et de pétrole qui ont été découverts, c’est parce que ce conflit est une sorte de thermomètre de l’inimitié sino-japonaise ancrée depuis l’avant-guerre et confortée par les atrocités commises en Chine par les alliés impériaux de l’Allemagne nazie.
 La zone pacifique, objet de rivalités croissantes
 Il est aussi un thermomètre de la rivalité des deux pays dans cette zone pacifique où s’est déplacé l’intérêt des superpuissances. Malgré le poids des relations commerciales intenses entre Chine et Japon, la propagande anti-japonaise, omniprésente dans les médias et à l’école, ne demande qu’à être périodiquement réveillée en fonction des échéances intérieures. D’autant que l’animosité anti-japonaise a toujours servi de dérivatif à la colère populaire.
 Rien de tel que d’exciter le ressentiment toujours présent contre l’ancien occupant. On a même vu lors de la dernière crise de septembre 2012 des manifestants brandir des pancartes invitant les États-Unis à lâcher d’autres bombes atomiques sur le Japon !
 Il faut dire qu’en matière de nationalisme, le Japon n’est pas en reste depuis l’arrivée au pouvoir d’un dur, l’ultraconservateur Shinzo Abe. Le ton vient de monter de plusieurs crans avec la décision d’établir une zone de défense aérienne au dessus de l’archipel contesté.
La Chine a fait décoller d’urgence ses chasseurs pour surveiller des avions américains et japonais entrés dans cette zone de défense aérienne, ont annoncé des médias officiels de Pékin. « Plusieurs avions de combat ont été envoyés d’urgence pour vérifier l’identité » d’avions américains et japonais entrant dans la zone d’identification de la défense aérienne établie par Pékin le weekend dernier.
 Une affaire qui prend une tournure grave
 Ces récifs sont sous administration japonaise depuis 40 ans et pendant longtemps la Chine n’a pas soulevé d’objection. Jusqu’en 1970, des articles de journaux ou manuels scolaires chinois présentent les îles en question comme appartenant au Japon juste avant que le gouvernement de Pékin ne prétende le contraire.
 L’affaire a pris cette semaine une tournure grave puisque le « Global Times », le quotidien officiel de Pékin en anglais parlait de « réagir sans hésiter » aux violations de cette zone de défense et n’hésitait pas à écrire qu’il « y aura probablement des frictions et confrontations et même des tensions de même nature que celles de la Guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique » !
  Édité par Sébastien Billard
Retrouvez cet édito sur le site de La République des Pyrénées.
Lire sur Inventerre (1) : Japon – îles Senkaku : Ichiro Komatsu présente ici les faits historiques, regrettant que l’ambassadeur de Chine en France (Le Monde du 31 octobre) est pour le moins une mémoire sélective.
et ( 2) Japon-Chine – Tensions sur les Senkaku, l’Onu invite à négocier – La Chine s’arroge l’espace aérien des îles Senkaku

 La mer de Chine, inquiétante zone de périls

L’océan Pacifique porte de moins en moins bien son nom. Depuis des mois, l’on ne compte plus les incidents, provocations et intimidations entre la Chine et ses voisins. Tous ses voisins, au premier rang desquels les Etats-Unis, puissance navale dominante de cette partie du globe depuis 1945.
Le dernier épisode est symptomatique de cette inquiétante escalade. Le 23 novembre, unilatéralement, Pékin a instauré une  » zone aérienne d’identification «  sur une grande partie de la mer de Chine orientale (celle-ci s’étend de la Corée du Sud à Taïwan et englobe, notamment, le petit archipel des îles Senkaku, administré par le Japon et revendiqué par la Chine).
 La lointaine Europe aurait tort de ne pas prendre la mesure de ces défis. C’est aussi son avenir qui se joue dans cette région où se font face les trois premières puissances économiques de la planète. Et elle n’est pas la plus mal placée – depuis 1914 – pour savoir ce qu’il peut en coûter de laisser s’enclencher de périlleux engrenages.
Edito Le Monde  01/10/2013 © Le Monde

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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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