Roumains et Bulgares sur le chemin de l’exode ?

L’attente aura duré sept ans. A partir d’aujourd’hui, Roumains et Bulgares sont officiellement libres de travailler en Europe ; « étape symbolique » en termes d’intégration. Les restrictions à l’ouverture du marché du travail, imposées en 2007 par huit pays de l’Union européenne, ont toutes été levées.

Pour autant, le débat qui entoure cette « nouvelle donne » est loin d’être éteint. Alors que le Vieux Continent est confronté à un niveau de chômage sans précédent – terreau fertile sur lequel prospèrent le populisme et le sentiment anti-immigration –, d’aucuns redoutent les effets néfastes d’un nouvel afflux de travailleurs venus d’Europe de l’Est (après celui de 2004).

Au Royaume-Uni, le gouvernement conservateur de David Cameron regimbe contre la perspective, selon lui très réaliste, de voir se développer un « tourisme social » de mauvais aloi (BBC). Mais, en dépit d’une frustration qui affleure, les ressortissants roumains et bulgares aspirent-ils vraiment à émigrer par vagues entières. Pas nécessairement.

De fait, certains décident de partir, séduits par la promesse d’une meilleure fortune, mais d’autres font le choix de rester, avec l’espoir d’influencer positivement le cours des choses. Beaucoup, à Bucarest comme à Sofia, ne croient pas à la thèse de l’exode massif, épouvantail brandi à l’envi outre-Manche.

 Au pessimisme patent du Daily Telegraph, qui prophétise une montée en puissance de l’UKIP [parti antieuropéen et anti-immigration], The Guardian oppose un optimisme éclatant, chiffres à l’appui.

Outrés par les stéréotypes peu flatteurs qui leur sont accolés, les futurs émigrants, eux, l’assurent : s’ils quittent leur pays, c’est avant tout pour gagner honnêtement leur vie, et non pour vampiriser d’une quelconque façon l’Etat-providence…

Le Monde 01/01/2014