Pourquoi Eric Zemmour mérite d’être associé à Dieudonné par le chroniqueur Thierry de Cabarrus

thierry de CabarrusNouvel Obs  10/01/2014Par Thierry de Cabarrus Chroniqueur politique
LE PLUS. Cette semaine, Éric Zemmour figure aux côtés de Dieudonné et Soral à la une du « Nouvel Observateur ». Fallait-il les mettre ensemble sous le titre « La Haine », s’est demandé hier Antoine de Caunes au « Grand journal » de Canal Plus ? Oui, sans aucun doute, répond notre chroniqueur Thierry de Cabarrus. Explications.
Fidèle à son concept malsain qui consiste à organiser, à la faveur de sujets d’actualité sérieux, des matches de boxe sanglants dans son émission « Le Grand journal », Antoine de Caunes avait invité hier soir sur son plateau de Canal Plus le directeur de la rédaction du « Nouvel Observateur », Renaud Dély et le chroniqueur et longtemps compère médiatique d’Éric Zemmour, Éric Nauleau.

zemmour nauleau

 Une référence au film de Kassovitz
 L’objet de ce pseudo débat était de surfer sur le début de polémique qui n’avait pas manqué de se démarrer sur Twitter quand l’hebdomadaire politique avait osé mettre à la une trois photos représentant Alain  Soral, Dieudonné et… Éric Zemmour, sous le titre évocateur du racisme ambiant dans la société française, « La Haine ».
 Au-delà de la référence évidente au film de Mathieu Kassovitz sur la violence communautariste en banlieue, la question qui fâchait, celle qui apparaissait depuis quelques heures déjà sur les réseaux sociaux comme « scandaleuse » et qui allait être débattue sur le plateau de Canal Plus, était la suivante :   Comment et pourquoi « Le Nouvel Obs » avait-il osé traiter Éric Zemmour de « raciste », au même titre ni plus ni moins que les deux racistes patentés (classés à l’extrême droite) Alain Soral, l’essayiste nauséabond ex membre du Front national, et Dieudonné, « l’artiste » qui fait scandale et dont le discours antisémite vient d’entraîner la demande d’interdiction de ses spectacles par Manuel Valls ?
Les nombreux dérapages de Zemmour
 N’en déplaise à Antoine de Caunes, il n’y a pas eu tout le sang escompté, ni même de KO sur son plateau. Le débat, pour viril qu’il fut, est resté correct, grâce notamment au caractère policé des invités mais aussi et surtout, parce que, contrairement aux apparences, la une de l’hebdomadaire, certes provocatrice, était totalement justifiée. Il a suffi de quelques explications et de quelques citations pour que le téléspectateur en sorte convaincu.
eric zemmour 02Ainsi, le « Nouvel Observateur » n’a pas voulu « se payer Zemmour » gratuitement, comme l’a écrit aussitôt son concurrent « Le Point ». Car il ne faudrait pas oublier que le polémiste a été condamné en février 2011 pour discrimination raciale, après avoir déclaré que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ».
 Plus grave, comme l’a rappelé Renaud Dély, c’est Éric Zemmour et lui seul qui a comparé « une femme blanche qui couche avec un musulman » aux Françaises qui couchaient avec les Allemands pendant l’Occupation. Ce qui a fait justement réagir sur Twitter

ano couverture

La couverture du « Nouvel Observateur » du 9 janvier 2014 
C’est encore ce même Éric Zemmour qui, voici quelques semaines, en pleine polémique sur le bashing raciste dont la garde des Sceaux Christiane Taubira était la victime, avait lancé sur RTL :  « En quelques jours, Taubira a choisi ses victimes, ses bourreaux. Les femmes, les jeunes des banlieues sont dans le bon camp à protéger, les hommes blancs dans le mauvais. »
nauleau Face à l’indignation du Mrap et de SOS Racisme, le polémiste a ensuite tenté de minimiser son dérapage sur « Paris Première », face à son compère… Éric Naulleau qui, complaisamment, s’est déclaré « surpris » mais pas « choqué » par ses propos.
 La complicité Zemmour-Naulleau
 On voit le degré de connivence entre les deux hommes. Or, c’est justement ce même Éric Naulleau qui, hier soir, avait pour mission de dézinguer la une du « Nouvel Observateur ».
 Une mission que lui avait confiée Antoine de Caunes avec d’autant plus de perversité que le chroniqueur sortait lui aussi rincé de la lessiveuse médiatique, après la publication de son livre controversé d’entretiens avec… Alain Soral, le troisième personnage mis en une de l’hebdomadaire sous le titre « La Haine ».
vidéo du grand journal
Fidèle à son concept malsain qui consiste à organiser, à la faveur de sujets d’actualité sérieux, des matches de boxe sanglants dans son émission « Le Grand journal », Antoine de Caunes avait invité hier soir sur son plateau de Canal Plus le directeur de la rédaction du « Nouvel Observateur », Renaud Dély et le chroniqueur et longtemps compère médiatique d’Éric Zemmour, Éric Nauleau.
 Le racisme est exactement le même, qu’il s’agisse d’un polémiste comme Éric Zemmour qui fait de l’islamophobie à longueur de chroniques, ou d’un prétendu essayiste comme Soral qui bénéficie d’une tribune grâce à Naulleau pour faire de l’antisémitisme.
 Le racisme est exactement le même, qu’il s’agisse d’un islamophobe comme Éric Zemmour ou d’un antisémite comme Dieudonné, ce pseudo artiste qui utilise ses vidéos sur internet pour remplir ses salles de « spectacle ».
« La nébuleuse des néo-racistes »
 Les « néo-racistes » comme les appelle « le Nouvel Observateur » sont une sorte de nébuleuse qui en multipliant les dérapages xénophobes, en dénonçant ce qu’ils appellent le « politiquement correct », encouragent les replis communautaristes et détruisent le tissu fragile de la société française. Or, il ne saurait exister de différence de gravité entre les propos racistes, qu’ils émanent d’une communauté ou d’une autre :  « Ce sont bien eux, les néo-racistes, écrit « le Nouvel Observateur », qui accaparent l’espace médiatique, formant une nébuleuse hétéroclite, unie dans une certitude, celle de lutter contre la bien-pensance.
alain soralOn y trouve pêle-mêle des intellectuels obsédés par la perte d’identité française, comme Alain Finkielkraut, des piliers du PAF, comme Éric Zemmour, des politiciens pyromanes collectionnant les « dérapages » – Jean-François Copé et ses voleurs de pains au chocolat pendant le ramadan –, des « humoristes » comme Dieudonné, menacé d’interdiction, dont la « quenelle », bras d’honneur au système, est reprise par une cohorte allant du Printemps français aux antisémites de tout bord, qui se nourrissent des saillies du polémiste Alain Soral. »
 Dès lors, évoquer le racisme serait devenu ringard au moment où chacun se lâche dans les médias sans la moindre retenue, où la droite est de plus en plus « décomplexée », où les injures fleurissent (voyez les bananes qu’on s’envoie à la figure) en toute impunité.
 Devant ces évidences, peu à peu, Éric Naulleau a perdu de sa superbe, hier soir. Faute d’argument sérieux, il en est même arrivé à laisser entendre, juste à la fin du débat, qu’Éric Zemmour n’avait pas sa place à la une du « Nouvel Observateur »… en raison de son appartenance à la communauté juive.
 Si personne n’a relevé, c’était sans doute par élégance, on ne frappe pas un homme à terre. Mais à cet instant, pourtant, on a bel et bien touché le fond.
Édité par Rozenn Le Carboulec

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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