JO de Sotchi : 50 millards d’euros pour « buter » la panthère de Perse

Charlie Hebdo – 22 janvier 2014 – Fabrice Nicolino

Sotchi. Pourquoi Poutine a-t-il décidé d’organiser un évènement mondial en ce point là de la carte ? A priori, il n’y a pas pire. Les archives climatiques donnent une moyenne de 6 degrés au mis de février. Et, de fait, les stations dédiés au ski situées à 600 mètres d’altitude seulement seront alimentées en neige artificielle. Compter environ un mètre cube d’eau pour obtenir eux mètres cubes d’eau de neige. Sotchi pourrait bien être une très grande opération de propagande, davantage destinée à l’opinion publique intérieure qu’à TF1 et à ses clones du monde entier.

Les comptes sont délirants. Bien qu’aucun chiffre vérifiable soit disponible, les JO d’hiver de Sotchi seront sûrement les plus coûteux –  de loin – de l’histoire des Jeux. Le régime Poutine reconnaît, pour les seules dépenses d’infrastructures directement liées aux compétitions, 5 milliards d’euros d’investissements. Et au total, une facture de 50 milliards d’euros – les jeux d’été de Pékin on coûté 32 milliards -, qui sera peut être pulvérisée. Peut-être, car au passage, Poutine et ses potes auraient déjà siphonné 23 milliards d’euros selon l’opposant Boris Nemtsov Des centaines de kilomètres de routes et de chemins de fer, des stations de ski à partir de rien, 77 ponts et bien entendu le village olympique sont au programme final.

Le désastre écologique est aux dimensions du projet. Des forêts entières ont été détruites, des centaines de millions de tonnes de déchets balancées au ravin ou enfouies à la va-vite dans l’une des dizaines de décharges illégales de la région. Des espèces emblématiques de la région, comme la panthère de Perse, risquent de disparaître, mais les JO ont été proclamés « verts » par Poutine en personne, et la panthère, mascotte officielle, figurera quand même sur les sacs et les colifichets, ce qui est bien l’essentiel.

Les écologistes locaux sont au premier rang de la contestation. Et les plus lourdement frappés. Evegueni Vitichko, par exemple, vient de se prendre trois ans de camp au moment où il s’apprêtait à rendre public un rapport. De son côté, l’ONG Human Rights Watch accuse les principaux sponsorsde regarder ailleurs. Parmi eux, Atos, Coca-Cola, Dow Chemical, General Electric, Panasonic, Procter & Gamble, Samsug et Visa. Comme c’est étonnant.

Notre ministre des Sports Valérie Fourneyron ira aux JO de Sotchi. Elle se dit contre le boycott, parce qu’elle pense obtenir des avancées politiques… Elle remportera surtout la médaille d’or des faux-culs.