Hollande l’Africain sous onction américaine

Le Canard Enchaîné – 12/02/2014 – Claude Angeli
Obama, qui rechigne à engager des troupes au sol, délègue aux Français le plaisir de traquer les djihadistes de l’Est à l’Ouest du continent.
Au ministère de la Défense et au Quai d’Orsay, l’optimisme est de rigueur. La Françafrique antiterroriste et ses parrains – François Hollande et l’État-major des armées – ont désormais le soutien d’un partenaire de choix, la Grande Amérique. Le 24 janvier, Chuck Hagel, patron du Pentagone, et Jean-Yves Le Drian, son homologue français, avaient défini les bases de cette coopération et préparé la formation d’un « groupe de travail de haut niveau » franco-américain sur la sécurité en Afrique.
Le 11 février, les présidents français et américain n’avaient donc plus qu’à se féliciter de cette bénédiction accordée par les États-Unis à la présence française dans une dizaine d’États africains Et à la mission dont elle est chargée : combattre toute infiltration djihadiste dans l’immense « zone saharo-sahélienne » qui s’étend de la Mauritanie, à l’ouest du continent, jusqu’à la Corne de l’Afrique,et l’océan Indien, à l’est.
Pour tout dire, les américains, qui rechignent toujours à envoyer des troupes au sol, hormis quelques commandos de leurs forces spéciales, délèguent au Français la responsabilité de traquer les terroristes sur le terrain. En contrepartie, ils fournissent avions de transport et de ravitaillement en vol, quelques dollars, et ils acceptent de partager les informations recueillies par leurs services de renseignement ou par leurs drones de surveillance.2013-01-15
Le 6 mars, Français et Américains tenteront de convaincre leurs alliés d’y mettre aussi du leur. Ce jour là, à Rome, une conférence internationale réunira les ministres des Affaires étrangères de plusieurs États européens et arabes, avec, c’est une fait nouveau, la présence du représentant de l’Algérie. Au menu des discussions, le sanctuaire terroriste du Sud-libyen, où se sont réfugiés, avant de rejoindre la Syrie ou les pays du Sahel, quelque 4 000 djihadistes, selon le ministère nigérien de l’Intérieur. Lequel exagère peut-être un peu, mais il n’est pas le seul à crier au feu.
Guerre par procuration ?
Les présidents du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger profiteront de cette conférence pour réclamer à nouveau une intervention militaire internationale dans ce repaire islamiste. Ils la jugent d’autant plus nécessaire que, le 26 janvier, avant e partir à la retraite, l’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées, avait confié à des journalistes qu’il estimait inévitable une telle intervention. Les opération menées en Libye par des commandos américains ne permettent pas de rassurer tous ces inquiets. « Ils veulent une bonne guerre, ironise un collaborateur de Laurent Fabius, avec quadrillage de pays et bombardements. Et ils estiment insuffisant le dispositif militaire en Afrique. »
Jean-Yves Le Drian, pourtant, ne cesse de faire la tournée des popotes, de parcourir le continent et de rencontrer ses dirigeants, dictateurs compris. Notamment à N’Djamena, la capitale du Tchad, qui héberge une base, avec trois Rafale, trois Mirage et « le commandement opérationnel » des forces françaises de la région. Lesquelles disposent de nombreux « points d’appui« . Au Nord du Tchad, (près des frontières libyennes), par exemple, à Niamey (Niger), à Tessalit (Nord-Mali, à quelques kilomètres des frontières algériennes), au Burkina (forces spéciales), en Centrafrique, en Mauritanie, etc.
« Cette répartition de nos forces permet de projeter plusieurs centaines d’hommes vers n’importe quel point du continent », se réjouit un officier d’état-major. Plus nuancé, un diplomate estime que « si le danger djihadiste s’accroît, les effectifs dont on dispose en Afrique (quelque 6 000 hommes, base de Djibouti comprise) seront insuffisants. » Et les ambitions de Hollande l’Africain devront alors être revues à la baisse, car ses généraux manquent d’hommes et, tout comme les Français moyens, de crédits pour boucler leurs fins de mois.
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