Comme en stéréophonie, il ne se passe pas une semaine sans que la « Sarkozie » – cette cohorte de serviteurs plus zélés que vertueux– ne se rappelle au mauvais souvenir des Français.

Edito LE MONDE | 21/02.2014

Derrière l’image, les turpitudes de la « Sarkozie »

Ce n’est pas une surprise : Nicolas Sarkozy est passé maître, depuis longtemps, dans l’art d’imposer sa présence et de capter l’attention.
Ainsi, pas une semaine ne passe sans que l’ancien président n’envoie une de ses désormais célèbres « cartes postales ». Un déplacement ici, une remise de décoration là, un hommage à Jacques Chaban-Delmas, un geste de soutien à la candidate de l’UMP à Paris, des bains de foule tout en modestie dans le sillage de son épouse et de ses concerts à travers le pays, sans compter mille confidences distillées à ses visiteurs : pas un geste n’est laissé dans l’ombre, tout est prétexte pour reconstruire sa popularité et imposer l’image de l’homme incontournable, voire providentiel, qui permettra à la droite de reconquérir l’Elysée en 2017.
Omniprésident hier, M. Sarkozy s’emploie avec talent à être omniprésent aujourd’hui. La palme revient à Paris-Match, qui consacre sa « une » du jour à « Nicolas Sarkozy et Carla, ensemble sur la route, à la reconquête de la France » !
Mais, comme en stéréophonie, il ne se passe pas une semaine sans que la « Sarkozie » – cette cohorte de serviteurs plus zélés que vertueux qui ont accompagné la conquête du pouvoir en 2007 et son exercice jusqu’en 2012 – ne se rappelle au mauvais souvenir des Français.
Le feuilleton est saisissant. Le 6 février, c’est l’ex-secrétaire général adjoint de l’Elysée, François Pérol, qui est mis en examen pour « prise illégale d’intérêt » pour avoir pris, en février 2009, la présidence de la BPCE, née de la fusion des Caisses d’épargne et des Banques populaires dont il avait été le grand architecte à l’Elysée – au mépris de toute règle de déontologie.
Peu avant, l’on découvre, en marge de cette affaire, que les archives de l’ancien secrétaire général de la présidence entre 2007 et 2011, le tout-puissant Claude Guéant, sont tout bonnement introuvables et n’ont pas été versées aux Archives nationales. Opportune disparition quand on sait que l’intéressé fut au centre de tous les dossiers sensibles de la présidence Sarkozy. Par exemple celui de l’arbitrage privé qui permit à Bernard Tapie de toucher 400 millions d’euros d’indemnités de l’Etat.
Sans compter une utilisation pour le moins suspecte des primes en liquide du ministère de l’intérieur ou le dossier très embarrassant des sondages commandés, à l’époque, par l’Elysée, au mépris de tout appel d’offres. Sans oublier, non plus, le rejet des comptes de la campagne 2012 de M. Sarkozy par le Conseil constitutionnel – une première. Ce n’est, là, que le plus spectaculaire.
Le « nouveau Sarkozy » sculpte impatiemment son image. Hélas pour lui, il est inlassablement rattrapé par l’ancien. Et par l’usage suspect, abusif, voire privatif, que ses plus proches collaborateurs ont pu faire des moyens de l’Etat. Nicolas Sarkozy ne peut pas prétendre qu’il ne savait pas. Il reviendra aux Français de juger.
 Lire l’enquête : L’affaire Pérol, une plongée dans le système Sarkozy à l’Elysée

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A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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