Ukraine – Crimée : dangereux bras de fer Kiev-Moscou

Le pro-européen Arseni Iatseniouk a pris hier les rênes d’une Ukraine en plein bras de fer avec la Russie sur la Crimée, région où stationne la flotte russe.

Des hommes armés ont pénétré cette nuit dans l’aéroport de Simferopol, capitale de cette République autonome d’Ukraine depuis 1954, quelques heures après qu’un commando prorusse a pris possession du Parlement local, qui a voté dans la foulée l’organisation d’un référendum pour plus d’autonomie, selon Ria Novosti.

A Kiev, le Parlement a désigné à l’unanimité M. Iatseniouk comme PM du gouvernement de transition, une nomination qui a coïncidé avec la réapparition du président déchu, Viktor Ianoukovitch, qui doit tenir aujourd’hui une conférence de presse en Russie.

M. Iatseniouk n’a pas fait mystère de la gravité de la situation. « L’intégrité territoriale est menacée, on assiste à des manifestations de séparatisme en Crimée », a-t-il déclaré. « Je dis aux Russes : ne nous affrontez pas, nous sommes des amis et des partenaires », a-t-il ajouté. Et il a mis en garde la Russie, qui a mis 150 000 militaires en état d’alerte près de l’Ukraine. « Les mouvements militaires au-delà des frontières de ce territoire [la base russe de la mer Noire] seront considérés par nous comme une agression militaire », rapporte le Moscow Times.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a affirmé que la Russie s’était engagée à « respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». Néanmoins, la crise croissante en Crimée, dans l’« arrière-cour » de la Russie, oblige Moscou à sortir de sa réserve, comme le souligne le NYT. Une intervention militaire comme en 2008 en Géorgie est-elle possible ? Andreas Umland, analyste politique de l’académie Mohyla de Kiev, a déclaré à l’AFP qu’« une escalade en Crimée, des morts, surtout si ce sont des Russes qui sont tués » pourrait inciter Moscou à agir…

Le Monde 28/02/2014