L’éducation nationale a signé en octobre un partenariat avec le principal lobby du sucre en France !

L’âge de faire – journal mensuel alternatif – mars 2014 – Nicolas Bérardlogo_site_Lagedefaire1L’éducation nationale a signé en octobre un partenariat avec le principal lobby du sucre en France, afin que ce dernier puisse servir de « centre de documentation » aux élèves et aux enseignants.
Sans titreLe sucre n’est ni responsable des caries dentaires, ni des problèmes d’obésité, et encore moins des soucis de diabète. Ce n’est pas l’âge de faire qui le dit, mais le Cedus, Centre d’études et de documentation du sucre. Derrière ce joli nom, on trouve en fait le principal lobby du sucre en France, rassemblant les professionnels de la betterave, de la canne à sucre et du raffinage. Quoi de plus normal, finalement, que le Cedus défendent les bienfaits du sucre et l’exonère de ses tares ? On peut en revanche trouver nettement plus gênant que le ministère de l’Éducation nationale engage un partenariat avec cette organisation, afin que les analyses pour le moins orientées du du syndicat puissent être utilisées dans les écoles.
Un outil de propagande
Le 29 octobre dernier, le directeur général de l’enseignement scolaire représentait le ministère de l’Éducation nationale pour signer, avec le président du Cedus, un « accord-cadre de coopération ». A travers cet accord, le syndicat du sucre « élabore et diffuse des supports d’information, la réalisation d’actions d’information, l’organisation de conférences et de visites d’entreprises, l’accueil de jeunes et d’enseignants dans le cadre de manifestations publiques« . Le document indique aussi que le Cedus « constitue un centre de ressources pour les élèves, les enseignants et les professionnels sur tous les aspects du sucre : culinaire, technique, économique, gastronomique… » Le site Internet de l’organisation a notamment « vocation, à partir d’un fonds documentaire complet, de répondre aux demandes des élèves, des enseignants« . Or, au regard des informations qu’il distille, ce site ressemble davantage à une plateforme de propagande en faveur de la consommation de sucre qu’à un outil pédagogique reposant sur des études scientifiques fiables. Voici quelques exemples de ce que vous, et donc les élèves et leurs enseignants, pouvez y trouver.
Sur les caries : « Beaucoup plus qu’une réduction de la consommation des produits sucrés, les résultats des études sur le sujet soulignent l’efficacité de l’hygiène bucco-dentaire associée au fluor.« 
Sur le diabète : « Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de lien de cause à effet entre la consommation de glucides et général – ou de sucre (saccharose) en particulier – et le diabète« .
Sur le surpoids : « Aucune relation directe entre consommation de sucre – en dehors d’apports caloriques excessifs – et prise de poids n’a été mise en évidence dans les études récentes.« 
Sur les cancers digestifs : « Plus qu’un aliment ou une alimentation riche en sucres, c’est le surpoids et l’obésité qui sont mentionnés aujourd’hui comme facteurs de risque dans les cancers digestifs. » Et comme le surpoids et l’obésité n’ont pas, selon le Cedus, de « relation directe » avec la consommation du sucre… D’ailleurs, comme on peut encore le lire sur le site, il n’existe « aucune donnée justifiant la suppression complète du sucre et du sucré dans un régime amincissant« .
Obésité et diabète en hausse
53a3faf79959699b18402970237be707Relevé par le site lanutrition.fr (lire ci-dessous), l’information est étrangement passée presque inaperçue ailleurs. Les syndicats de l’éducation que nous avons contactés n’étaient tout simplement « pas au courant ». Comme le note justement lanutrition.fr, cela reviendrait pourtant à confier à Monsanto le soin de donner aux élèves de la documentation sur les OGM… N’y a-t-il pas un danger à signer un tel accord alors que, selon une étude de 2012, près d’un Français sur trois est en surpoids, et près de 7 millions sont obèses ? Vincent Peillon, le ministre de l’Education nationale que nous avons interpellé sur le sujet, n’avait toujours pas répondu à nos questions le jour du bouclage de ce numéro. Une pétition réclamant l’annulation de cet accord a été lancée sur Avaaz et avait déjà recueilli fin février 3 000 signatures sur les 5 000 souhaitées. Le site lanutrition.fr encourage par ailleurs les parents à faire « savoir au chef d’établissement dans lequel votre enfant est scolarisé que vous refusez toute propagande sucrière », et à écrire à votre député  et au ministre de l’Éducation nationale pour réclamer l’abandon de cet accord.Sans titre
L’industrie laitière, comme celle du sucre, dit aux élèves ce qu’il faut manger (et boire)
L’industrie du sucre va dire aux élèves ce qu’il faut manger : Incroyable mais vrai : le ministère de l’Éducation nationale a confié à l’industrie du sucre le soin d’éduquer nos enfants à la nutrition !…
m_sucre-3
Sucre et obésité : un lien indéniable ( L’âge de faire )
Selon l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), la prévalence de l’obésité et du surpoids chez les enfants et adolescents a fortement augmenté entre les années 80 et les années 2000. Une étude de l’Institut de veille sanitaire (INVS) a ainsi révélé qu’en 2006, 18% des enfants âgés de 3 à 17 ans étaient en surpoids ou obèses. L’obésité touchait à elle seule 3% des garçons et 4% des filles.
Cette hausse du nombre de cas de surpoids a été constatée en France, mais aussi, sur la même période, dans la majorité des pays industrialisés. Plusieurs facteurs expliquent le phénomène, et les études démontrent que c’est l’interaction entre ceux-ci qui expliquent la hausse des problèmes de poids. Les deux principaux sont sans doute le manque d’activité physique associé à un régime alimentaire de plus en plus calorique. Ainsi, l’Inpes met en avant l' »offre alimentaire »  et le « marketing alimentaire » dont sont victimes les jeunes. Le guide nutrition des enfants et ados pour tous les parents, édité par l’Inpes dans le cadre du Programme nutrition-santé, explique qu’il « ne fait plus de doute aujourd’hui que le maintien et l’optimisation de l’état de santé des enfants sont directement liés à la qualité et à la quantité de leur alimentation » Et, parmi les objectifs fixés pour enrayer la progression de ce problème de santé, il s’agit bien de « limiter la consommation de matières grasses ajoutées, de produits sucrés et de sel ».
En 2004, dans le cadre d’un plan de lutte contre l’obésité, l’État avait interdit les distributeurs automatiques de boissons sucrées et d’aliments manufacturés dans l’ensemble des établissements scolaires. Bien que la consommation de sucre n’explique pas à elle seule la hausse de la prévalence du surpoids chez les jeunes, elle en constitue donc bien l’un des facteurs déterminants.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
Cet article, publié dans Agroalimentaire, Santé, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.